Les médias officiels ont largement repris des extraits d'une contribution de Samuel Kaplan, ex-ambassadeur américain à Rabat, sur le Maroc. Une manière pour eux de contrebalancer l'édito critique du New York Times publié ce dimanche. Samuel Kaplan, l'ancien ambassadeur américain à Rabat (septembre 2009 à avril 2013), serait-il sur le point d'intégrer le lobby marocain aux Etats-Unis ? Il a signé avec son épouse une tribune très élogieuse à l'égard du Maroc parue dans le Star Tribune du Minnesota, Etat dont il est originaire. En lisant le «plaidoyer» de Kaplan on se rend compte qu'il n'a pas dû forcer son talent pour l'écrire. Il a repris à son compte la thèse de l' «exception» marocaine dans une région de turbulence et d'instabilité pour ensuite conclure que le Maroc est «un havre de stabilité» sous le leadership «clairvoyant et efficace» du roi. S'inspirant d'un discours de l'ancien président Bill Clinton prononcé au Hope global forum, organisé en mars dernier à Atlanta, il a joué sur la filiation du roi Mohammed VI avec le Prophète. «Il est vénéré par son peuple», saluant au passage le leadership du souverain dans le lancement de réformes politiques et religieuses. Dans ce genre de contributions signées par des hommes politiques américains sur le Maroc, les questions sécuritaires sont incontournables. La tribune de Samuel Kaplan n'y déroge pas, il a ainsi déclaré que Rabat est un «partenaire solide» de Washington dans la «lutte contre la menace terroriste». Opération une vieille tribune contre un édito La reprise de la tribune élogieuse de Samuel Kaplan par les médias officiels marocains est assez classique. Mais elle intervient au moment même où un édito critique sur le Maroc est publié dans le New York Times. Coïncidence encore plus troublante quand on précise que le texte de Kaplan a été publié le 25 septembre 2015. L'opération d'"exhumation" médiatique de cette tribune semble donc faire écho à la dernière publication du célèbre journal newyorkais fondé en 1851, où il y dénonce les restrictions subies par des associations et certains acteurs sociaux au Maroc. Evidemment, les récentes affaires sont égrainés comme le cas de Maâti Monjib rappelant qu'il est interdit de voyager à l'étranger. Il en est de même pour Hicham Mansouri, le journaliste condamné à dix mois de prison ferme et à une amende de 40.000 dh pour «complicité d'adultère». L'édito cite ensuite le cas de Karima Nadir, la vice-présidente de l'Association des droits numériques, interrogée par la Brigade nationale de police judiciaire, accusée de «dénonciation calomnieuse», de «dénigrement des efforts de l'Etat» et d'«outrage». Le New York Times déplore cette série de restrictions qui «porte atteinte à l'image du pays» et appelle le gouvernement à mettre un terme à ces exactions.