Pour son premier anniversaire, le mouvement islamophobe Pegida a décidé de frapper un grand coup. Loin des 25 000 manifestants réunis en janvier, le mouvement populiste a réuni lundi soir environ 20 000 manifestants en exploitant la crise migratoire en Europe. Mais malgré sa popularité, il reste circonscrit à Dresde en Saxe où il est né le 20 octobre 2014. «Ne suivez pas ceux qui ont des préjugés, et même de la haine dans le cœur». L'appel de la chancelière allemande Angela Merkel n'y changera rien. Le mouvement islamophobe et anti-immigrants, Pegida a décidé de marquer son premier anniversaire par une démonstration de sa capacité de mobilisation. Drapeau allemand, pancartes anti-immigrants en main, scandant «Résistance, Résistance», «Merkel doit partir» ou même «Nous sommes le peuple», le mouvement islamophobe a réuni hier à Dresde en Saxe dans l'est de l'Allemagne, plus de 20 000 manifestants opposés à la politique d'accueil de 800 000 à 1 millions de réfugiés cette année, indique la presse ce matin. Pourtant l'on pensait que le mouvement des Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident (Pegida, en allemand), né le 20 octobre 2014 en Saxe, s'était essoufflé suite notamment à la divulgation par un quotidien allemand d'une photo de son fondateur Lutz Bachmann grimé en Hitler. D'abord anti-euro, le mouvement s'est peu à peu focalisé sur l'immigration. Autant dire qu'avec l'arrivée massive de migrants syriens fuyant la guerre que l'Europe en général et l'Allemagne en particulier s'apprêtent à recevoir, Pegida retrouve un second souffle. «La crise des réfugiés a donné à Pegida un nouvel élan, comme à l'ensemble de l'extrême droite allemande» analyse pour 20 minutes le sociologue Johannes Keiss. «Cette crise migratoire permet à Pegida d'exploiter la grogne et l'angoisse d'une partie de la population de l'ex-RDA, très peu habituée à vivre avec des étrangers» complète pour sa part la chercheuse au Centre d'information et de recherche sur l'Allemagne contemporaine (CIRAC), Isabelle Bourgeois. Un mouvement contesté mais revigoré par la crise des migrants De 500 manifestants il y a un an en octobre 2014, Pegida a réussi à réunir 5 000 manifestants en décembre à Dresde pour atteindre son record en janvier dernier en réunissant 25 000 manifestants anti-immigration. Et il ne compte pas s'arrêter là puisque «le mouvement a amorcé une phase de radicalisation, qui se traduit au niveau du noyau du mouvement par des discours et des symboles plus violents, même si les thèmes restent l'anti-islam, l'anti-immigration et l'anti-establishment» souligne Johannes Keiss. En atteste l'arrivée à la tribune du fondateur du mouvement qui a harangué la foule en traitant Angela Merkel de «dictateur» en appelant Dresde à être «le centre de la résistance» à la politique d'Angela Merkel De la résistance, le mouvement l'a rencontré sur le terrain. Près de 20 000 contre-manifestants ont défilé pour l'accueil des réfugiés et contre le mouvement populiste. Malgré le dispositif de sécurité qui a déployé un millier d'hommes pour éviter des heurts entre les deux cortèges, la nouvelle maire de Cologne, très active dans l'accueil des réfugiés a été poignardée par un manifestant de Pegida. Une agression qui dénote «que le potentiel d'agressivité du mouvement est en train de croître» estime un porte-parole du ministère allemand de l'Intérieur. De même on note une recrudescence de menaces physiques ou verbales contre les réfugiés. Mais pour contenir, cette avancée fulgurante du mouvement islamophobe, «chaque manifestation de Pegida donne lieu à une contre-manifestation. Les dirigeants politiques s'impliquent, de l'échelle locale au plus au niveau de l'Etat», rappelle Isabelle Bourgeois qui note que malgré une sur-médiatisation dépassant les frontières allemandes, «le phénomène Pegida reste circonscrit à l'Allemagne de l'Est». Et en Allemagne, on lui apporte la réplique. Lors de la contre-manifestation de ce lundi, une pancarte a lancé un message fort à Pegida. On pouvait y lire : «Du cœur au lieu de la haine !»