Le département d'Etat américain a publié son rapport sur le trafic humain dans le monde. Si les efforts du Maroc ont été salués, il reste encore un pays où cette pratique est très présente, notamment dans les villes du nord et certaines grandes villes. Outre les cas d'exploitation d'enfants, le rapport cite le trafic de migrants subsahariens et la situation des travailleuses originaires des Philippines et de l'Indonésie. Le Maroc fait des efforts mais reste encore un pays où le trafic humain est très présent. C'est en substance ce qui ressort de l'analyse du rapport du département d'Etat américain sur le trafic humain dans le monde 2015. Selon le document, «le Maroc est une source, une destination et un pays de transit pour les hommes, femmes et enfants qui sont victimes de travail forcé et de trafic sexuel». Le rapport cite notamment le cas de jeunes filles dans les zones rurales qui sont souvent forcées, dès l'âge de 6 ans, à travailler et exposées aux menaces physiques, psychologiques ou abus sexuels. Plusieurs cas de maltraitance d'enfants ont été déjà dénoncés par différentes ONG au Maroc, mais la situation ne s'est pas trop améliorée pour les victimes. Toutefois, note le département américain, le travail des petits enfants est en baisse depuis 2005. Prostitution En outre, le rapport revient sur la situation des femmes migrantes qui passent par la frontière algéro-marocaine et s'installent dans le nord, dans des villes telles que Nador et Oujda. Victimes des «contrebandiers à l'arrivée, certaines des femmes et des jeunes filles âgées sont contraintes à la prostitution ou moins fréquemment aux travaux domestiques», explique le document. En se basant notamment sur les rapports d'ONG, le département américain évoque également le cas d'enfants et femmes venus de pays africains tels que la Côte d'Ivoire, la République démocratique du Congo et le Nigeria, qui «sont très exposés à la traite sexuelle et au travail forcé». Les Nigérianes qui passent par Oujda sont contraintes de pratiquer la prostitution une fois arrivées dans les pays européens, souligne aussi le rapport. Le Cas des Indonésiennes et Philippines S'agissant des femmes asiatiques, elles ne sont pas non plus épargnées par les mauvais traitements une fois arrivées au Maroc. «Certaines femmes des Philippines et de l'Indonésie sont recrutées comme travailleuses domestiques au Maroc. A leur arrivée, certaines sont soumises ''au travail forcé'', impayées, et voient ''leur passeport confisqué'' ou subissent des ''abus physiques de la part de leurs employeurs'', lit-on dans le document. En 2014, une ONG locale a même estimé que l'absence d'ambassade au Maroc fait que les ressortissants philippins sont souvent victimes d'exploitation. Mais selon le département américain, même les ressortissants de pays disposant d'une représentation diplomatique sont également victimes de ces mauvais traitements. Les Marocains du Golfe Par ailleurs, le rapport revient sur la situation des Marocains établis dans les pays du Golfe et en Europe. Des «hommes marocains, femmes et enfants sont exploités dans le travail forcé et le trafic sexuel principalement en Europe et au Moyen-Orient», explique le document, qui souligne que des femmes «marocaines sont [parfois] contraintes à la prostitution principalement dans les Emirats Arabes Unis, au Bahreïn, en Jordanie, en Libye, en Syrie, et en Europe». Recommandations Comme recommandation, le département d'Etat demande au gouvernement de renforcer la législation afin de mieux lutter contre le trafic humain, les réseaux de traite et les auteurs de violence sur les personnes. Il est également question de multiplier les enquêtes et les écoutes des victimes afin de mieux identifier les auteurs de trafic humain dans le pays. Le rapport recommande aussi de renforcer les financements pour permettre aux associations concernées de venir en aide aux victimes de trafic humain. «Le Gouvernement du Maroc ne respecte pas pleinement avec les normes minimales pour l'élimination de la traite; cependant, il fait des efforts significatifs pour y parvenir», note le rapport, soulignant les efforts fournis pour soutenir la société civile afin de mieux aider les migrants vulnérables.