En janvier, le Maroc commençait à exporter ses myrtilles fraiches vers les Etats-Unis. Mais les producteurs déplorent l'inexploitation d'un fort potentiel d'exportation au moment où le développement des plantations de myrtilles au royaume chérifien et en Espagne risque d'entrainer une saturation des marchés de l'Union Européenne notamment. Les plantations de myrtilles au Maroc se développent si rapidement que les producteurs s'inquiètent du risque de saturation des marchés destinataires. «Le Maroc est un pays où la plantation de myrtilles augmente rapidement, mais le problème est que c'est aussi le cas dans d'autres pays comme l'Espagne, alors que la production est concentrée sur une seule période, à partir de mi-avril jusqu'à fin mai. A cette période, il y a un pic et nous sommes un peu inquiets de savoir comment le marché va réagir à ces fortes hausses dans les plantations», explique à la presse spécialisée Jose Gandia, président de Royal, une entreprise qui développe ses activités dans les deux pays via la joint-venture African Blue au Maroc. En effet, les plantations de myrtilles au Maroc ne s'étendaient que sur une vingtaine d'hectares en 2007, lors de l'introduction de cette culture dans le pays. Mais depuis 2013, elles ont franchi la barre des 400 ha, selon un document du ministère de l'Agriculture. Et d'après les projections officielles, les surfaces cultivées de ce fruit devraient atteindre les 1 000 ha dans les prochaines années. L'Espagne est, quant à elle, passée de 1 150 à 1 470 ha pour la campagne 2014-2015. Or, les deux pays exportent essentiellement en zone UE. Selon M. Gandia, il est impératif de trouver un équilibre entre la production de myrtilles et la consommation, afin de «ne pas avoir une surabondance de plantations». Fort potentiel Dans le monde entier actuellement, la consommation de myrtilles s'accroît considérablement, en raison de leur atout santé. Pour l'instant, les Etats-Unis restent le premier producteur mondial (54%). Toutefois, la myrtille marocaine est très appréciée sur le marché de l'UE et commence à s'ouvrir sur d'autres marchés avec notamment les Etats-Unis depuis janvier 2014. Cependant, Jose Gandia estime que ce n'est pas assez, car le royaume chérifien dispose d'un fort potentiel. D'après lui, il pourrait être difficile pour les pays de l'UE -dont l'Espagne- de convenablement écouler leur production cet été, en raison de l'embargo russe, alors que la «Russie est un marché en croissance pour les myrtilles». Il pense que ce serait une aubaine pour la myrtille marocaine. De même, il y a d'autres marchés à fort potentiel pour le royaume, comme la Turquie. A côté de toutes ces potentialités, cette filière présente tout de même des fragilités notamment au niveau des petits agriculteurs qui se sont très vite intéressés à la culture des myrtilles sans en avoir les moyens et l'expertise. «Certains plantent de manière agressive. Ils n'utilisent pas les bons matériaux. Du coup, les variétés qui en résultent ne font pas de différence sur le marché», regrette Avi Weizman, président d'Africa Blue, la principale société exportatrice de myrtilles au Maroc. Huit ans après l'entrée de la culture de la myrtille au Maroc, l'évolution a été considérable mais aujourd'hui les défis sont nombreux. Le sommet de l'Organisation internationale de la myrtille (IBO) qui se tiendra à à Coffs Harbour, en Australie du 7 au 9 septembre prochain sera l'occasion de comparer la situation des différents pays producteurs et ainsi jauger les potentialités du royaume.