Malgré la croissance des exportations de framboises et myrtilles au départ du Maroc, ces deux espèces de fruits rouges sont captées vers les marchés extérieurs par des sociétés étrangères et leurs filiales travaillant avec des partenaires marocains. La production de framboises et myrtilles prend de plus en plus d'ampleur dans les exportations marocaines vers l'étranger. «Grâce à leur rentabilité et leur fort taux d'exportation, les framboises et les myrtilles connaissent une évolution exponentielle», annonce Mohammed Ammouri, président de l'Association marocaine des conditionneurs et exportateurs de fruits rouges (AMCEF). Au cours de la précédente campagne, le Maroc a exporté près de 12.700 tonnes de framboises et 15.000 tonnes de myrtilles. Pour la framboise, la superficie plantée est pratiquement passé à 2.200 hectares contre quelques 200 hectares lors du démarrage de cette filière, il y a quelques années, à Larache et Moulay Bousselham. «Et malgré que ces deux régions du nord dominent encore la production de ces deux espèces de fruits rouges au Maroc, la région du Souss accapare actuellement 50% de la framboise, soit près de 7.000 tonnes tandis que pour les autres segments, elle concentre 10% de la fraise et 15% de la myrtille, soit 500 tonnes à partir d'Agadir», précise Mohammed Ammouri avant d'ajouter que «même si le Maroc possède plus de 3.000 hectares, la valeur des exportations en relation avec l'évolution des superficies plantées ne sera pas affectée puisque le niveau de consommation est énorme, d'où le potentiel qu'offrent ces deux cultures pour les producteurs-exportateurs marocains», indique-t-il. C'est pourquoi le marché à l'export de la myrtille et la framboise est encore très large et demandeur de ces deux produits. Aujourd'hui, la framboise dispose de deux types de périodes, hivernale et automnale (de septembre à décembre et de décembre à avril). «Et généralement, les prix à l'export sont mieux valorisés au début de la campagne puisqu'ils oscillent entre 80 et 70 DH/kg mais à partir du mois de novembre, les prix baissent pour se situer entre 50 et 60 DH», précise d'emblée Mohammed Ammouri. S'agissant de l'hiver, le froid impacte la production tandis qu'à la fin du mois de février, le tonnage acheminé durant les mois d'avril et mai avec la production des autres pays de l'UE entraîne la baisse des prix. Toutefois, la moyenne oscille, selon le président de l'AMCEF, entre 45 et 50 DH/kg pour la framboise et la myrtille. Toujours est-il que c'est l'Union européenne qui s'accapare la part du lion, vu sa proximité du Maroc, essentiellement pour la framboise qui demeure un produit périssable à court terme alors que la myrtille dispose d'une résistance (plus d'un mois) aux conditions logistiques. Dans ce sens, ce produit peut être acheminé vers les marchés lointains, notamment la Russie, le Canada, le Japon et la Chine en plus des pays du Golfe. Toutefois, au-delà des chiffres qui affichent une croissance soutenue entamée depuis plus de six ans, ce sont les exportateurs étrangers avec leurs filiales créées en partenariat avec des Marocains qui captent les expéditions vers les marchés étrangers. «Que ce soit le développement des superficies exportées ainsi que la production, elles sont liées avant tout à l'installation de multinationales spécialisées dans la production de ces deux variétés alors que le patrimoine végétal et agricole est détenu aussi par ces firmes», explique Ahmed Mouh Mouh, professionnel du secteur des fruits et légumes dans le Souss. À cet égard, ces groupes agro-industriels étrangers contrôlent aussi la plus grande partie des importations de plants au Maroc par le biais de leurs relations avec les pépinières étrangères. «La quantité des particuliers reste très minime et ne représente environ que 500 tonnes sur 15.000 tonnes de myrtilles, qui sont captées à hauteur de 95% par 4 sociétés. Le constat est le même pour la framboise», conclut Mouh Mouh.