Elle avait été licenciée en 2008 pour port de voile. Ayant saisi la justice et la haute autorité de lutte contre les discriminations (Halde), Fatima Afif, se croyait déjà vainqueur du bras de fer qui l'oppose à la directrice de la crèche qui l'employait. Mais la partie n'est pas encore gagnée car la Halde risque de faire volte-face, en attendant le dernier mot de la justice. Elle était directrice-adjointe de la crèche Baby Loup à Chanteloup-les-Vignes dans les Yvelines (Ile-de-France). Mais il a suffit à Fatima Afif de notifier à sa supérieure, sa volonté de mettre le voile pour que la brouille s'installe entre elles. S'ensuit une mise à pied avant son licenciement quelques jours plus tard pour faute grave. Les faits remontent à décembre 2008, la justice en était saisie, de même que la Halde. Au mois de mars dernier, la Halde apporte son soutien à Fatima Afif et juge «discriminatoire» son licenciement. Mais voilà que la haute autorité, au moment où la justice tranche sur cette affaire, décide de revoir sa position. Un volte-face interprété comme une divergence d'approche entre la nouvelle présidente de la Halde, Jeannette Bougrab et son prédécesseur qui avait pris la décision en faveur de l'employée de la crèche associative. Jeannette Bougrab se justifie toutefois : «la décision formelle de rouvrir ce dossier a été prise le 13 octobre par le collège, au regard de pièces nouvelles. Le dossier est en cours d'instruction» fait-elle savoir dans un communiqué de l'instance qu'elle dirige et relayé par L'Express. A en croire l'avocat de la crèche, la nouvelle présidente de la Halde serait opposée au premier avis. Ce qui semble se confirmer dans les déclarations de la responsable de la Halde. Elle fait savoir que la polémique ne soulève «pas une question administrative ou de procédure mais porte sur un principe fondamental de notre République qui est la laïcité». Ce qui colle parfaitement avec le point de vue de Natalia Baleato, la directrice de la crèche, qui estime que le «règlement intérieur de la crèche interdit le port de signes religieux au nom du principe de neutralité». D'autant plus que son association dépend quasiment des financements de l'Etat. La Halde se mettant à désavouer Fatima Afif, reste à savoir la position de la justice. Les prud'hommes devront statuer sur son cas ce lundi. Elle réclame 80 000 euros de dommages et intérêts à la crèche qui l'a licenciée pour port de voile.