Les ministres du PJD ont-ils renié leur solidarité avec les Frères musulmans ? Al Sissi n'est plus traité de «putschiste». Ils ont jeté aux oubliettes leur hostilité vis-à-vis de l'auteur de la destitution de l'ancien président Mohamed Morsi. Les PJDistes sont désormais sur la même longueur d'onde que le Palais. Abdelilah Benkirane a ouvert la voie, Lahcen Daoudi lui emboîte le pas. Au Caire le ministre de l'Enseignement supérieur aurait déclaré que l'Egypte sous le régime du président Abdelfattah Al Sissi «est meilleur qu'auparavant», rapporte un média local. Des propos tenus le mardi 1er avril à l'université du Caire, à l'occasion de sa participation à un atelier maroco-égyptien sur les énergies renouvelables. Daoudi s'est félicité, par ailleurs, de l'excellent niveau de coopération entre les deux pays, ajoute la même source. Aujourd'hui, le ministre de l'Enseignement supérieur et son homologue égyptien, Cherif Hammad, présideront la sixième session de la Commission mixte technique dans la recherche scientifique. Hier, Daoudi a eu droit à des entretiens avec le chef du gouvernement, Ibrahim Mehlab. Un indicateur attestant de la normalisation des relations entre Rabat et le Caire, après une période de brouille de quelques mois. Le PJD a-t-il oublié ses engagements envers les Frères musulmans ? En l'espace de deux jours, deux membres influents au sein de l'appareil de la Lampe ont donc fait les éloges du nouveau régime égyptien. Le dimanche 30 mars, Benkirane était tout sourire avec Al Sissi et voilà maintenant Daoudi qui marche sur les traces de son secrétaire général. Force est de constater qu'en l'espace de dix mois, le PJD a totalement revu sa position hostile au changement de pouvoir au Caire vers une autre plus conciliante et surtout parfaitement en phase avec celle du Palais. Pour mémoire, durant l'été 2013, à Rabat, l'épouse du chef du gouvernement avait pris la tête d'une marche dénonçant la destitution de l'ancien président Mohamed Morsi par le même Al Sissi alors chef de l'armée. Le 7 juin 2014, Mohamed Yatim, un des compagnons de route de Benkirane, avait pris part à une réunion des amis des Frères musulmans, tenue dans la capitale tunisienne, mettant en garde la communauté internationale contre une reconnaissance de l'élection d'Al Sissi à la présidence de l'Egypte. Alors que le même jour au Caire, le ministre des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar représentait le roi Mohammed VI à la cérémonie d'investiture de l'homme fort en Egypte.