Les saisies de drogue au Maroc et en Espagne vont crescendo. Les craintes des liens entre les groupes terroristes et le trafic de drogue sont à l'origine de ces opérations. A ce facteur s'ajoute une donne strictement marocaine : éviter que l'argent du cannabis bénéficie aux entités séparatistes rifaines basées aux Pays-Bas. L'étau se resserre de plus en plus sur les barons de la drogue opérant dans la région du Rif et plus largement du Nord. Samedi, Al Hoceima a connu l'arrestation d'un trafiquant connu ainsi que deux de ses complices, indique un média local. Cette opération menée par Interpol a visiblement sonné le tocsin dans le milieu, au point que certains ont fui leurs fiefs traditionnels pour des endroits plus calme, comme par exemple les Pays-Bas. Cet Etat est connu pour sa législation laxiste envers la consommation et la commercialisation du cannabis dans des cafés aménagées à cet effet. De nombreux propriétaires de ces cofee-shop sont d'ailleurs des Marocains originaires du Rif. Considérations politiques Forts de cette importante manne financière, certains trafiquants se découvrent des ambitions politiques et rêvent d'être à la tête de «république cannabique» à quelques kilomètres de l'Europe. Said Chaâou est l'exemple emblématique de cette nouvelle catégorie de barons. Il est actuellement la figure de proue du «Mouvement du 18 septembre pour l'indépendance du Rif». Une entité séparatiste qui serait financée grâce à l'argent de la drogue. «C'est la crainte de voir le cas de Chaâou faire tâche d'huile qui serait à l'origine de cette vague d'arrestation dans les rangs de trafiquants de drogue», nous confie une source sécuritaire. Et l'expérience a montré -depuis la grande opération d' «assainissement» menée en 1995 par Driss Basri- que les arrestations permettent l'apparition de nouveaux visages dans le milieu du trafic de cannabis. Une sorte de rotation des «élites» qui s'opère quasiment à chaque intervalle de quatre ou cinq années. Financer le terrorisme Autre point mis en exergue, les liens entre terrorisme et trafic de drogue qui ne sont plus à démontrer. Le 12 février, le Conseil de sécurité a ainsi adopté à l'unanimité, une résolution destinée à tarir le financement de groupes terroristes, tels Daesh ou le Front Al Nosra. Trois semaines auparavant, dans une opération coordonnée avec le Maroc et la France, la police espagnole avait procèdé à l'interpellation de 55 personnes et la saisie de 11 tonnes de cannabis. Le même jour, au large de Larache, une patrouille de la gendarmerie royale arrête 11 individus en possessions de 24 tonnes de haschich. Depuis, la série des saisies et des arrestations se poursuit sans relâche.