L'Egypte du maréchal-président Abdelfattah Al Sissi se rapproche davantage du Polisario. Le n°2 du ministère de la Culture est en visite dans les camps de Tindouf. Un voyage qui n'aurait pu se faire sans l'aval des autorités du Caire. Détails. Depuis le vendredi, une délégation égyptienne, conduite par le secrétaire général du ministère de la Culture, est en déplacement dans les camps de Tindouf. Les membres de la mission ont déjà eu des entretiens avec quelques influentes personnalités à la direction du Front. Mohamed Abdelaziz devrait les recevoir aujourd'hui. Sur l'agenda des Egyptiens figurent, également, des rencontres avec des représentants de la société civile et des visites aux sièges de la radio et de la télévision du Polisario. Une pilule dure à avaler pour la partie marocaine Ce genre de voyage entre le Caire et Tindouf est de plus en plus fréquent. Il y a deux semaines, un intellectuel égyptien, Hassan Nafaâ, un grand partisan du Polisario, était dans les camps pour animer une conférence sur le droit des Sahraouis à l'autodétermination. Sauf que cette fois, la pilule sera dure à avaler pour la partie marocaine. Et pour cause, il ne s'agit pas de visites guidées au profit de quelques journalistes, comme en juin dernier, couronnées par des interviews du chef du Polisario parues dans de très célèbres supports médiatiques en Egypte et dans le monde arabe, dont notamment, le magazine Rose Al Youcef. La présence du n°2 du ministère de la Culture donne un caractère officiel à la mission. Elle n'aurait pu se faire sans la bénédiction des autorités égyptiennes. Le Polisario a profité de la chute du régime de Moubarak Force est de constater que depuis la chute du Hosni Moubarak, emporté par la vague du «Printemps arabe» en 2011, les officiels égyptiens avaient commencé une modification de leur position vis-à-vis du conflit du Sahara occidental. Et c'est l'actuel secrétaire général de la Ligue arabe, l'Egyptien Nabil El Araby, qui avait tracé la voie, en avril 2012 lors d'une visite à Alger. Avec la destitution du président Mohamed Morsi, des Frères musulmans, par le général Abdelfattah Al Sissi, le 30 juin 2013, le rapprochement s'est nettement raffermi. Chassé de l'Union africaine, justement à cause du putsch, le Caire a pu reprendre sa place au sein de l'UA grâce au soutien de Abdelaziz Bouteflika. Pour le pouvoir égyptien, la coordination avec l'Algérie sur le dossier libyen et sur la guerre contre les groupes terroristes est plus urgente que les relations avec le Maroc. Une entente confirmée par la visite du président Al Sissi à à Alger, le 25 juin dernier. C'était son premier déplacement à l'étranger depuis sa «victoire» aux présidentielles du 27 mai.