Alors que le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, évoquait avec son homologue américain, John Kerry, la question du Sahara, un responsable du Polisario tenait un point de presse à Alger. Et Mohamed Salem Ould Salek n'y est pas allé de main morte en accusant le conseil de sécurité de «complicité» avec le Maroc «pour maintenir le statu quo». Le Polisario a élargi la liste de ses cibles. Dimanche, depuis Alger, à l'occasion d'un point de presse, Mohamed Salem Ould Salek, le chef de sa diplomatie, s'est violemment pris aux membres du conseil de sécurité. Il a notamment accusé le club des amis du Sahara occidental, composé de la France, de la Grande-Bretagne, de l'Espagne, de la Russie et des Etats-Unis, de «kidnapper la question sahraouie et d'entraver le conseil de sécurité, avec la complicité du Maroc, au détriment de la décolonisation dans la dernière colonie en Afrique». Il ne s'est pas contenté de cela, loin de là. Il a continué dans sa surenchère en affirmant que sous l'impulsion de Paris et Madrid, le groupe des cinq «empêche la concrétisation de la paix dans la région pour des intérêts stratégiques» et œuvrent pour «maintenir le statu quo». «Les sahraouis veulent reprendre les armes» Ould Salek a estimé que les cinq Etats font tout pour empêcher l'élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l'homme dans la région alors même qu'ils interviennent militairement dans d'autres pays «au prétexte de défendre les droits de l'homme et la démocratie». Il a ensuite ajouté qu'il était inconcevable pour lui «que la Minurso se transforme en mission soutenant la colonisation». Le polisarien a, par contre, évité de répondre clairement à une question sur la disposition de son mouvement à reprendre les armes contre le royaume, préférant déclarer que les sahraouis tenaient à cette option, défendue uniquement par l'organisation de la jeunesse du Front. A aucun moment, Ould Salek n'a évoqué l'engagement de la direction du Front dans une telle aventure. Pourtant, il y a un mois, Mohamed Abdelaziz faisait part, dans une lettre à Ban Ki-moon, de ses «craintes et avertissements» de la préparation d'une possible «agression du royaume du Maroc contre les territoires libérés» sous le contrôle du Polisario. Le responsable du Polisario a également profité de l'occasion pour évoquer la question de l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental. Il a révélé que depuis mai dernier, le Maroc a refusé à trois reprises des projets de tournées de Christopher Ross dans la région. Le Polisario mise sur une possible visite du médiateur américain en octobre.