Le Polisario craint que le réchauffement des relations entre le Maroc et la Mauritanie ne lui soit préjudiciable. L'absence des représentants du Front lors de l'investiture de Ould Abdelaziz participe largement à cette appréhension. Le Polisario a été écarté de la cérémonie d'investiture du président mauritanien, Mohamed Ould Abdelaziz. Samedi 2 août, aucun représentant du Front n'a en effet pris place à la tribune d'honneur du stade de Nouakchott. Dans les camps de Tindouf, notamment chez certains milieux, une telle absence suscite des interrogations sur l'état actuel des relations entre les deux parties. Ces derniers craignent que cette éviction ne soit le résultat de pressions marocaines sur la Mauritanie en échange de la présence de Rachid Talbi Alami, le président de la Chambre des représentants à la prestation de serment de Ould Abdelziz pour un second mandat de cinq ans. L'agence officielle du Polisario boude la cérémonie Si Nouakchott n'a pas invité les amis du Front, la riposte de ces derniers a été immédiate. Le canal officiel d'information du Polisario a considéré l'investiture du président mauritanien comme un non-événement. La SPS ne lui a pas consacré la moindre dépêche. Et cela est un autre indicateur d'une certaine tension, encore latente, entre Tindouf et Nouakchott. Les prochaines semaines seront cruciales pour la confirmation de cette tendance. Et pourtant, avant cet incident, leurs relations étaient très bonnes, voire même trop. Les émissaires du Polisario étaient d'ailleurs des habitués du palais présidentiel de Nouakchott. La direction du Front avait, par exemple, dépêché, fin mai, dans la capitale mauritanienne, M'Hamed Khadad, originaire de Mauritanie, pour des entretiens en tête à tête avec le président. A l'époque, le Polisario était fortement engagé derrière la candidature de l'ex-général, lui assurant les voix des 5 000 habitants des camps ayant la nationalité mauritanienne. Quelques heures, seulement, après la victoire, sans surprise, de Ould Abdelaziz aux présidentielles du 21 juin, le chef du Polisario avait adressé un message de félicitation suivi, deux jours plus tard, d'une conversation téléphonique. Deux initiatives qui avaient été à l'époque, dûment, sanctionnées par des dépêches de l'agence mauritanienne AMI. Aujourd'hui, cette mise à l'écart du Polisario intervient dans un contexte marqué par la reprise des contacts entre Rabat et Nouakchott. Le 26 juillet, le roi Mohammed VI recevait, à Rabat, le chef de la diplomatie mauritanien, Ahmed Ould Teguedi. Deux jours auparavant, le conseiller du président Ould Abdelaziz pour les affaires islamiques assistait à Oujda à une causerie religieuse présidée par le souverain. Se dirige-ton donc vers un réchauffement des relations entre le Mauritanie et le Maroc au détriment du Polisario ?