Le ciel des relations entre Rabat et Nouakchott s'assombri davantage . Le message royal de félicitation au président mauritanien a été ignoré pendant cinq jours par l'agence officielle de presse. Un signe qui ne devrait pas contribuer à un retour à la normale. Visiblement, la tant attendue normalisation des relations maroco-mauritaniennes n'est pas pour bientôt. En tout cas, elle ne figurerait guère parmi les priorités du régime de Nouakchott qui vient juste de commencer son second mandat à la tête du pays en tant que civil, sachant qu'il est au pouvoir depuis le coup d'Etat du 6 août 2008. Preuve en est le sort réservé au message de félicitation du roi Mohammed VI au général-président Mohamed Ould Abdel Aziz, à l'occasion de sa «victoire», sans surprise, aux élections présidentielles du 21 juin. La dépêche a langui dans le «frigo» de l'agence de presse officielle (AMI), pendant cinq jours, avant qu'il ne soit libéré et diffusé au grand public dans l'après-midi du jeudi. L'ambassadeur marocain intervient Et pourtant le roi Mohammed VI était parmi les premiers chefs d'Etat à féliciter Aziz, comme nous l'avions noté sur Yabiladi dès dimanche. Ce comportement peu respectueux des us diplomatiques, de la part des responsables de l'AMI ou de leur supérieur hiérarchique à l'égard de la lettre royale tranche complètement avec la rapidité avec laquelle ils ont agi pour publier, le 22 juin, une missive du chef du Polisario, soutenue, le lendemain, par une conversation téléphonique avec le président Ould Abdel Aziz. Une sélectivité annonciatrice, sauf coup de théâtre, du prolongement du climat de tension entre les deux pays, voire son aggravation. Pour forcer les Mauritaniens à publier le message du souverain, il a fallu une intervention de l'ambassadeur du royaume, Abderrahman Ben Omar, auprès du premier ministre en personne. C'est à l'issue d'une réunion qu'il a tenu avec Mohamed Laghdaf, que l'agence mauritanienne d'information s'est résignée, enfin, à diffuser le texte royal. Quant aux entretiens entre les deux hommes, ils n'ont eu droit qu'à une petite brève dans le fil d'AMI. Ce froid glacial qui frappe les relations entre Rabat et Nouakchott n'est pas sans rappeler celui précédant le putsch du 6 août 2008. Celui qui avait mis un terme à l'expérience du président civil (le deuxième dans l'histoire de la Mauritanie), Mohamed Ould Abdellahy, et amené au pouvoir le général Ould Abdel Aziz, un ancien lauréat de l'académie militaire de Meknès, qui s'était séparé de son béret et de son treillis pour endosser l'habit civil afin de se présenter, en juillet 2009, à la course à la magistrature suprême dans son pays.