L'opération transit démarrera dans un mois à peine et jusqu'à présent, rien n'est encore fixé quant aux compagnies qui l'assureront. Après un premier appel à manifestation pour l'exploitation lancé en octobre 2013, le ministère de tutelle vient d'émettre un nouvel AMI. Une fois de plus, celui-ci entend favoriser le retour des compagnies nationales, mais lesquelles ? Le ministère de l'Equipement et du Transport a lancé, mercredi 21 mai, un nouvel appel à manifestation d'intérêt (AMI) pour l'exploitation de certaines lignes reliant le Maroc à l'Europe. Mais cette fois, onze lignes seulement sont concernées. Chaque candidat pourra soumissionner à plusieurs lignes ou proposer dans son offre - pour l'exploitation d'une ligne - d'inclure d'autres ports non spécifiés dans l'AMI, indique le communiqué du ministère. L'autre option pour les intéressés est de proposer d'autres lignes non spécifiées dans l'AMI, à condition que l'offre porte également sur l'une des lignes objet de cet appel à manifestation. Rebbah ne cesse de prôner le retour des compagnies nationales, mais lesquelles ? Ce nouvel AMI, explique le ministère, vise à «mettre en concurrence les opérateurs nationaux à travers une consultation pour la délivrance des autorisations d'exploitation des droits de trafic qui reviennent de jure au Maroc, et ce afin de susciter l'esprit de compétitivité et garantir la performance et la pérennité des services sur le Maroc». Cependant, la question est de savoir de quels opérateurs nationaux il s'agit ? En effet, depuis le premier AMI, le ministère ne cesse de prôner le retour des opérateurs nationaux sur le détroit. Mais, aujourd'hui, Intershipping est la seule compagnie à capitaux 100% marocains qui opère encore de façon constante et régulière, après la faillite non déclarée de la Comarit et les grosses difficultés que traverse IMTC. De plus, les résultats du premier AMI publiés en février dernier (4 mois après le lancement) parlent d'eux-mêmes, puisqu'Intershipping est la seule compagnie dont l'offre a été retenue. Encore que seule son offre pour Tanger-Tarifa a été retenue au détriment de celle pour Tanger-Algésiras qui est une nouvelle fois soumise à l'AMI. «Nous avons pourtant présenté deux dossiers identiques. Nous ne comprenons pas pourquoi ils nous ont donné Tarifa et pas Algésiras», s'insurge Rachid Chrigui, DG d'Intershipping interrogé par Yabiladi. L'homme est un peu déçu, car après les résultats du premier AMI, il se disait optimiste. «Pour des autorisations de 10 ans aux sociétés nationales et les AMI pour les étrangers» Comme certains armateurs marocains l'an dernier, M. Chrigui déplore le manque de soutien de l'Etat au secteur maritime. «Les Espagnols accordent d'importantes subventions à leurs opérateurs, mais chez nous, ce n'est pas le cas. Et les autorités nous rendent encore la vie difficile quand ils nous obligent à verser une caution de 10 millions de dirhams pour l'exploitation d'une ligne», déclare-t-il, faisant allusion au cahier des charges de l'AMI. «Il y'a trop de conditions à remplir pour obtenir une ligne, alors que le secteur va mal. Le gouvernement devrait plutôt aider les entreprises nationales en leur accordant des autorisations de 10 ans par exemple, et lancer des appels d'offres pour les compagnies étrangères», suggère le patron d'Intershipping. Sa compagnie soumissionnera une nouvelle fois à la ligne Tanger-Algésiras, espérant que son offre soit retenue. «C'est une ligne importante, car il y a le fret. S'il n'y a que les compagnies étrangères, les prix seront élevés. Il faut un opérateur national sur cette ligne pour équilibrer les prix». Voilà donc l'état de la situation à un mois de l'opération transit 2014. L'ouverture des plis pour le second AMI est prévu le lundi 23 juin et les candidats ont jusqu'à cette date, avant 10h du matin, pour se manifester. Ce qui exclut les compagnies choisies de la saison estivale 2014 qui démarre le 15 juin. Nous avons tenté, en vain, de joindre la Marine marchande pour connaitre les raisons de ce timing décalé. Rendez-vous en 2015... peut-être.