L'écolabel «Pavillon Bleu» accordé à certaines plages marocaines ne fait pas l'unanimité, tout particulièrement celle de Saïdia dont certains citoyens et écologistes marocains décrient l'état d'insalubrité chronique. Mais la Fondation Mohammed VI pour la protection de l'environnement se défend. Détails. Comme c'est de coutume chaque année, la Fondation Mohammed VI pour la protection de l'environnement a publié lundi 19 mai la liste 2014 des 27 plages marocaines qui ont obtenu l'écolabel «Pavillon Bleu». Mais la présence de l'une d'elle parmi les meilleures plages du royaume laisse perplexes certains citoyens et militants écologistes marocains. Il s'agit de celle de Saïdia, classée 24ème. «Saïdia mérite un label noir» «Ils veulent dirent que cette plage va bien et qu'il est convenable de s'y baigner. C'est catastrophique !», s'insurge Mohamed Benata, Ingénieur agronome à la retraite et président de l'Espace de solidarité et de coopération de l'Oriental (ESCO). L'écologiste fait état de l'insalubrité criante qui mine la plage, avec notamment les cafés construits sur la plage. «Plusieurs d'entre eux déversent leurs ordures dans l'eau. On le voit quand on y est», indique-t-il. Et il n'est pas le seul. Quelques internautes réagissant au classement de la Fondation font part de leur témoignage. «Je passe mes vacances chaque année à Saidia depuis 12 ans et je peux vous garantir que le pavillon bleu n'est pas mérité. Il n'y a pas de station d'épuration et la qualité des eaux s'en ressent. De nombreux déchets flottent à la surface. Les égouts se déversent près des plages», raconte Karim-Christian. Un autre rapporte le manque de poubelles dont souffre la plage, ainsi que le manque de matériel pour «les jeunes ramasseurs employés par la commune. Pour Mohamed Benata, Saidia «ne mérite pas un label bleu, mais noir». La Fondation se défend : «Nous n'avons labelliser qu'un tronçon de la plage» Au vu de ces réalités, l'écologiste s'interroge sur les critères de sélection retenus par la Fondation Mohammed VI pour la protection de l'environnement. Mais de son côté, celle-ci assure se baser sur les critères internationaux du Pavillon Bleu, selon les déclarations à Yabiladi de Hassan Taleb, chargé du Pavillon Bleu et Plages propres Trophée Lalla Hasnaa. Ces critères, qui concernent l'ensemble des actions menées par la commune pour garantir la qualité de la plage, sont repartis en quatre catégories : ceux liés à l'éducation et la sensibilisation du public à l'environnement ; ceux liés à l'environnement général et à la gestion du site (niveau adéquat d'équipement en sanitaires, existence d'au moins une plage aménagée pour accueillir les personnes à mobilité réduite, etc) ; ceux liés à la gestion des déchets (poubelles sur les plages, propreté, …) et ceux liés à la gestion de l'eau et du milieu (notamment 5 analyses des eaux de baignade minimum par saison avec un maximum d'intervalle de 30 jours). D'après Hassan Taleb, les plages «sont labélisées parce qu'elles répondent aux critères». «Leur labellisation n'est pas automatique, tient-il à préciser. Chaque année, elles doivent postuler. Si elles ne répondent pas à un critère, elles perdent le label». «Pour Saïdia, nous n'avons labélisé qu'un tronçon de la plage, celui pour lequel la commune a rempli toutes les conditions», assure M. Taleb, soulignant que les analyses effectuées par l'organisme dédié [Laboratoire public d'essais et d'études – LPEE, ndlr] montrent la qualité des eaux de baignade notamment y est conforme. Nous avons tenté en vain de joindre le LPEE pour obtenir leurs explications sur l'état de la plage de Saïdia. Est-ce cela la plage bleue de Saïdia ? Mais Mohamed Benata décrie encore là une «aberration». «On n'accorde pas un pavillon bleu à un tronçon de plage, s'indigne-t-il. Soit la plage est fréquentable, soit elle ne l'est pas. C'est une question de principe». Il estime «absurde» qu'on puisse se baigner à un niveau de plage et pas à un autre. «Toute la ville et les touristes vont se baigner dans ce tronçon ? Est-ce cela la plage bleue de Saïdia ?», s'interroge l'écologiste. Il faut dire que les problèmes de la plage à Saïdia ne datent pas d'aujourd'hui. En 2008, même la presse internationale s'était penchée sur le sujet. Et en 2013, les mêmes problèmes étaient encore évoqués. Selon Mohamed Benata, «un label ne doit pas encourager la médiocrité et surtout ne doit pas fermer les yeux sur les atteintes à l'environnement et au libre accès à la plage. Si la Fondation est vraiment pour l'environnement, elle doit faire quelque chose. Mais si elle veut faire de la publicité pour les autres, c'est son affaire». Actuellement, c'est la parole de la Fondation contre celle des citoyens.