Politique de l'autruche au niveau des autorités de Rabat. Afin d'éviter tout problème avec une ONG fraichement créée, elles ont refusé de réceptionner le dossier juridique. Une interdiction déguisée. L'association en question compte parmi ses membres, le journaliste Ali Anouzla, le directeur du site censuré Lakome. La wilaya de Rabat a refusé, à trois reprises, de réceptionner le dossier juridique de l'association Freedom Now, indique un communiqué de l'ONG. La première fois, c'était le 9 mai, la seconde fois le 12 mai et la troisième remonte à hier matin, lorsque six membres de l'ONG se sont déplacés au siège de la wilaya pour le dépôt du dossier. Un rejet inexpliqué La nouvelle enseigne créée le 25 avril se veut de protéger la liberté d'opinion et la liberté de presse au Maroc. L'association compte parmi ses membres, le journaliste Ali Anouzla, le directeur du site censuré Lakome et Khadija Ryadi, l'ancienne présidente de l'AMDH. Deux noms récompensés à l'international, le premier est lauréat, au même titre qu'Aboubaker Jamaï, du prix de «leaders pour la démocratie» attribué par l'association américaine «Pomed project on middle east dmocracy» alors que la deuxième a été primée, en 2013, par les Nations Unies pour son combat en faveur des droits de l'Homme. Lors de toutes les tentatives des membres de l'association et même par voie d'huissier, les autorités de la capitale n'ont jamais fourni la moindre explication justifiant leurs refus. L'attitude de la wilaya de Rabat est surprenante, puisque d'habitude, l'interdiction ne se situe pas à ce niveau mais, plutôt, lors de la phase de l'autorisation. En agissant de la sorte, la wilaya de Rabat évite ainsi, de donner à la toute jeune association, comme le veut la procédure, un récépissé suite au dépôt de son dossier juridique. Un document qui aurait permis aux membres de Freedom Now de commencer leurs activités mais tout en ayant l'épée de Damoclès sur leurs têtes. A n'importe quel moment, les services relevant du département de l'Intérieur pourraient s'ils le souhaitaient empêcher la tenue de réunions de ladite association. Déclaration ne signifie pas autorisation C'est d'ailleurs ce message qu'a martelé, mardi 13 mai à la Chambre basse du parlement, le ministre de la Justice. Mustapha Ramid a défendu la non-reconnaissance des associations sur la seule base de la déclaration devant les autorités. Ramid a insisté sur le préalable de l'obtention de l'autorisation délivrée par les services du département de l'Intérieur avant que les ONG ne soient dûment reconnues. Toutefois, des associations très proches du Polisario, telle la CODESA d'Aminatou Haidar, agissent, publient des communiqués et organisent des manifestations alors qu'elles n'ont pas les autorisations des autorités locales. Deux poids, deux mesures.