Il y a de forte chance que la plainte déposée par le gouvernement marocain contre El Pais soit enterrée. Ignacio Cembrero qui a été contraint de quitter le quotidien suite à cette affaire a dénoncé son éviction dans une lettre adressée à l'ancienne direction. Le journal espagnol connait d'ailleurs de profonds changements puisqu'il est désormais dirigé par une nouvelle équipe. Détails. Se sentant abandonné par la nouvelle direction d'El Pais, le journaliste, Ignacio Cembrero, a «choisi» de quitter le quotidien dans lequel il a travaillé pendant trente ans. «Je ne me suis pas senti appuyé par la direction sortante du quotidien, depuis que le gouvernement marocain a déposé une plainte contre moi pour apologie au terrorisme», a expliqué, sur son blog, l'ancien correspondant d'El Pais au Maroc. Les autorités marocaines auraient-elles exigé le départ de Cembrero ? Il est clair que suite au procès intenté par le chef de gouvernement contre El Pais pour la diffusion de la fameuse vidéo d'AQMI, l'ex-direction a choisi d'adopter un profil bas. Ses problèmes financiers ne lui permettent en aucun cas de tenir tête au Maroc. Sachant que Rabat n'a pas lésiné sur les moyens en faisant appel à Me José Luis Sanz Arribas, un célèbre avocat espagnol, pour plaider sa cause. Le départ de Cembrero serait-il le résultat d'une opération de marchandage entre les autorités marocaines et la direction d'El Pais ? Il est certes prématuré de donner une réponse définitive à cette question, mais des éléments troublants, existent. Cembrero accuse Avant de claquer la porte d'El Pais, dans une lettre, Ignacio Cembrero a accusé ses supérieurs hiérarchiques d' «omission systématique» des sujets de l'actualité marocaine, pourtant couverts par les autres médias internationaux. Est-ce là un appel du pied de la direction du journal aux autorités marocaines pour, en quelque sorte, tourner la page ? Depuis hier, El Pais à un nouveau directeur, Antonio Caño, 56 ans. Il a promis de chambouler le support papier en le réservant à l'analyse alors que la version électronique sera consacrée à l'actualité. Pour le Maroc, l'arrivée de Caño est plutôt une bonne nouvelle. Il ne fait pas partie des journalistes de gauche ayant des positions hostiles envers Rabat. La rédaction craint, en effet, un virage à droite d'El Pais. Elle l'a bien exprimé lors de l'opération de vote : 97 voix pour Cana 81 contre et 47 vote blancs. En dépit de cette victoire étriquée, le conseil d'administration du groupe l'a confirmé à ce poste.