La menace de la publication de la «liste» des Marocains qui ont visité Israël s'est révélé être un pétard mouillé. Les amis d'Ahmed Ouihmane ont bien sorti une liste, mais il se s'agissait que d'un simple bricolage peu sérieux et sans aucune véritable révélation. Explication. Il y a dix jours, l'Observatoire marocain contre la normalisation menaçait de publier la liste complète des Marocains ayant visité Israël. Mais la menace s'est, au final, révélée pas du tout sérieuse. Lors de sa première assemblée générale tenue, hier à Rabat, l'ONG s'est limitée à citer le nom des personnes les plus «normalisatrices» avec l'Etat hébreu. Du déjà-vu. Azoulay, Saïl, Yazami, Hachkar et les autres Dans une allocution, le président de l'Observatoire Ahmed Ouihmane a pointé du doigt plusieurs Marocains issus de différents horizons. Ce dernier leur reproche de ne pas partager les mêmes positions sur le conflit du Proche-Orient que celles défendues par les membres de son association. Sur la «liste» figure le conseiller royal, André Azoulay, le président du CCME, Driss Yazami, le président du Centre marocain de cinématographie, Noureddine Saïl, le réalisateur, Kamal Hachkar et même le tennisman Younès El Aynaoui. A l'exception de l'auteur du documentaire «Tinghir-Jérusalem, Les échos du Mellah», les autres noms ont tous été décorés par le roi Mohammed VI à l'occasion de fêtes nationales ou occupent des postes importants qui les placent directement sous l'autorité du palais et non du gouvernement. Gabriel Banon, l'invité malgré lui Une autre preuve du manque de rigueur dans le travail de l'Observatoire anti-normalisation est la présence de Gabriel Banon dans sa liste. Au lendemain des accords d'Oslo, le 13 septembre 2013, ce Marocain de confession juive a travaillé pendant des années au côté de Yasser Arafat en tant que conseiller en économie. L'Autorité palestinienne l'avait même placé à la tête de la «Strategic and Development Policy Advisors», basée à Paris. Cet organisme était chargé d'assister la toute jeune Autorité au développement de sa politique économique. Cette proximité avec l'ancien leader palestinien, Banon l'a d'ailleurs partagée avec le grand public dans son livre «Le partage de la mémoire», édité en 2010 au Maroc. Deux juifs marocains honorés par l'Observatoire Durant son assemblée générale, l'Observatoire marocain contre la normalisation a rendu un hommage à l'action de deux Marocains de confession juive : Sion Assidon et Jacob Cohen. Le premier, présent lors de cette AG, est un ancien opposant à Hassan II et ancien détenu politique (de 1972 à 1984). Il a également été membre de la direction de l'AMDH avant qu'il ne choisisse de prendre ses distances avec l'association des droits de l'homme pour créer, au début des années 2000, Transparency-Maroc. Assidon est connu pour ses positions hostiles à l'Etat d'Israël et au mouvement sioniste. Même son de cloche auprès de Cohen. Toutefois, les éloges des amis d'Ahmed Ouihmane envers ce dernier sont certainement dus à la publication, en 2010, de son livre «Le Printemps des Sayanim». Dans celui-ci, il accusait ouvertement le conseiller royal André Azoulay de faire partie de la légion des «Sayanim», ces jeunes espions recrutés et formés par le Mossad, pour servir Israël. L'Observatoire marocain contre la normalisation est une association créée, le 5 janvier 2013, mais qui n'a pas encore été reconnue par les services du ministère de l'Intérieur. Même les médiations entreprises par des ministres PJDistes, en l'occurrence Mustapha Ramid, au département de la Justice et des Libertés, et Habib Choubani, chargé des Relations avec le parlement et la société civile, n'ont pas permis sa légalisation.