Le gouvernement marocain a annoncé la semaine dernière la fin de la compensation de l'essence et du fuel industriel ainsi que la baisse de celle du gasoil. Le fuel utilisé par l'ONEE pour produire de l'électricité pourrait être le prochain sur la liste. Par contre, il est hors de question de toucher aux subventions du butane, selon Mohamed El Ouafa, ministre des Affaires économiques et générales. Celui-ci est également revenu sur les craintes de certains industriels de voir leur compétitivité affectée par la décompensation qu'il juge non justifiées. Le ministre des Affaires économiques et générales botte en touche : la décompensation du fuel industriel n'aura pas d'incidences sur la compétitivité des entreprises comme ces dernières le craignent. Dans un entretien accordé à La Vie Eco, Mohamed El Ouafa a indiqué que le temps des subventions sur le fuel accordées à certaines entreprises est «révolu» au Maroc. Le message est donc on ne peut plus clair : les industriels ne devront pas compter sur l'Etat pour financer leur besoin en énergie. Selon le ministre, seul un petit nombre d'industriels utilisant ce fuel pourrait subir les répercussions de cette décompensation. En effet, une étude du ministère sur les facteurs et les coûts de production, notamment celui du fuel sur les céramistes et briquetiers, l'a prouvé. Selon cette étude, ces deux types d'industries totalisent 8% du fuel consommé, qui lui aussi, représente 9% du coût de revient chez les premiers et 27% pour les seconds. La nouvelle politique s'adaptera aux réalités économiques. Et selon Loufa, «il ne s'agit donc plus de subventionner les entreprises en difficulté à travers leurs intrants mais directement via des contrats programme secteur par secteur, avec des engagements en termes de performance». Les administrations devront bien gérer leur budget carburant L'arrêt des subventions qui concerne aussi le super affectera son premier consommateur, autrement dit l'Etat. Ce qui fait que dire à Loufa que les différentes administrations devront bien gérer leur budget carburant et rationnaliser la gestion de leur parc automobile. En dehors des administrations, la compensation du super profitait, selon El Ouafa, surtout aux ménages aisés et il était temps de leur faire payer le carburant au juste prix. Toutefois, le ministre n'exclut pas un retour temporaire à la compensation du super si les prix flambent. Pour le gasoil, les différentes baisses qui ont été indiquées seront appliquées jusqu'à fin 2014. La suppression de la subvention, elle, pourrait intervenir en 2015 au moment «opportun» toujours selon le ministre. Le butane intouchable Le point sur lequel les consommateurs marocains peuvent être rassurés est le butane qui ne devrait pas subir de décompensation. «Il n'y aura pas de décompensation du butane ni maintenant ni plus tard», a clairement fait savoir El Ouafa et ce, pour deux raisons. D'abord, les ménages ont aujourd'hui arrêté l'utilisation du bois et du charbon qui entrainait une déforestation et menaçait l'environnement. Un gain «inestimable» pour le gouvernement. En plus, «le butane a fortement contribué à l'amélioration des conditions de vie des marocains» estime le ministre. Mais le hic est qu'il coûte cher. A en croire El Ouafa, des simulations récentes ont montré que l'Etat ne dépenserait que 6 milliards de dirhams par année en donnant une bouteille de 12 kg de butane par mois à chaque ménage, alors qu'il consacrera 24 milliards de dirhams de subvention cette année pour ce combustible. Le problème avec le butane provient du fait de son utilisation va au-delà des foyers. Les activités économiques sont en effet de grands consommateurs de butane, ce qui se répercute sur le budget que l'Etat lui consacre. Hausse attendue pour l'électricité Au total, l'ensemble de ces mesures pourraient permettre à l'Etat d'économiser 6 à 7 milliards dans le budget de 35 milliards prévu pour la caisse de compensation dans la Loi de Finances 2014. Mohamed Loufa espère ainsi que les dépenses ne dépasseront pas 28 milliards de dirhams. S'agissant des prix de l'électricité, le ministre a été clair : la subvention accordée à l'ONEE, qui utilise un fuel plus cher que celui industriel, avoisine les 9 milliards de dirhams. Une dépense que l'Etat compte supprimer très prochainement. Cette décision devrait, à coup sûr, entrainer une hausse des prix de l'électricité même si tous les ménages ne seraient pas concernés. «Nous allons garder la tranche sociale pour les ménages à faible consommation et qui sont environ 4,5 millions de familles. Pour les tranches supérieures, le prix du kilowattheure va très probablement augmenter», a expliqué le ministre. En attendant, le contrat-programme de l'ONEE reste toujours en attente d'application. Le gouvernement travaille toujours sur la réforme tarifaire de l'électricité, l'une des mesures majeures de ce dossier.