Le premier duel sérieux entre Chabat, l'opposant, et Benkirane, le chef de gouvernement, qui s'est déroulé, hier, à Moulay Yaâcoub, a donné la victoire par point au candidat du parti de la Balance. Le secrétaire général de l'Istiqlal savoure sa victoire, les islamistes crient à la fraude. Premier revers électoral du PJD depuis qu'il dirige le gouvernement. Le scrutin partiel qui s'est déroulé, hier, à la circonscription de Moulay Yacoub a donné la victoire au candidat de l'Istiqlal sur celui du parti de la Lampe. Une défaite au goût amer, sachant que le siège était détenu, à l'issue des élections du 28 février, par le PJD. Il a fallu une décision du Conseil constitutionnel pour invalider toute l'opération. Dans la soirée du jeudi, les partisans de la Balance ont célébré cette occasion, comme il se doit, défilant en voitures dans les avenues de Fès. L'épouse de Chabat à bord de son véhicule était également parmi eux, scandant comme le reste des participants : «bye bye Benkirane». Le PJD crie à la fraude Joie donc chez les partisans de Chabat et grande déception chez les frères de Benkirane. Pour le moment, le secrétariat général de la Lampe se mure dans le silence. En revanche, c'est sa section de Moulay Yaâcoub qui crie à la fraude. Elle fustige, dans un communiqué, publié par le site du PJD, «l'achat des voix» et «des actes de banditisme visant à terroriser les citoyens pour ne pas voter». «Des agissements qui requièrent ressentiment et dénonciation». Les islamistes locaux fustigent «toutes les parties complices de corrompre le processus électoral»; et appelent les autorités compétentes à ouvrir «une enquête» et prendre les décisions qui s'imposent. Un appel de pied au Conseil constitutionnel en vue d'annuler l'élection du 3 octobre. Les islamistes accusent, également, «certains agents de l'autorité de complicité avec le candidat de l'Istiqlal». Moulay Yaâcoub : Chabat contre Benkirane acte I Les deux anciens alliés se sont investis personnellement dans la campagne électorale. Benkirane a présidé, dimanche, un meeting politique à Ain Chkef. De son côté, Chabat a élu domicile dans la région, sillonnant les marchés et les rues de Moulay Yaâcoub, qu'il considère comme son fief politique. Sa tactique s'est avérée payante. Cette victoire pourrait faire taire, ne serait-ce que momentanément, les critiques sur la présence des ânes à la marche de Rabat du 22 septembre. Pour les frères de Benkirane, cette défaite devrait leur servir de leçon en perspective des prochaines échéances électorales, notamment les communales prévues en 2014. Ce scrutin du 3 octobre de Moulay Yaâcoub est la conséquence d'une décision du Conseil constitutionnel, annulant l'élection du 28 février dernier à cause de la participation d'une délégation du Hamas, l'antenne palestinienne des Frères musulmans, qui se trouvait à l'époque au Maroc, lors de la campagne du candidat du PJD.