Moulay Yacoub sous les feux des projecteurs. Ce petit village paisible dans la région de Fès vit au rythme d'une chaude campagne électorale. Les élections partielles dans cette circonscription connaissent un face-à-face entre Istiqlaliens et Pjdistes qui semble virer à la confrontation. Programmées le 3 octobre prochain, les élections ont vraisemblablement un autre goût pour le parti de l'Istiqlal (PI) et le Parti de la justice et du développement (PJD). Les deux formations lorgnent, en effet, le même et unique siège parlementaire dans la circonscription de Moulay Yacoub. Si le PI et le PJD considèrent tous les deux la capitale spirituelle et ses régions comme leur fief électoral, la victoire de l'un sur l'autre dans le scrutin du 3 octobre revêt une forte valeur symbolique. Car ni le siège mis en jeu à Settat ni celui de Moulay Yacoub ne devraient changer la donne politique actuelle. Mais pour le parti de la lampe, une victoire voudrait dire que sa cote auprès des électeurs n'a pas été altérée même après les hausses des prix à la pompe décrétées par le gouvernement que le parti dirige avec ses alliés. Une défaite paraÎtrait au contraire comme une sanction des électeurs, voire une baisse de la popularité du PJD qui a été propulsé à la première place après les élections législatives de 2011. Pour le parti de la balance, une victoire à Moulay Yacoub sonnerait comme une revanche sur le chef de gouvernement et son parti qui n'auraient rien fait pour retenir l'Istiqlal dans la majorité. Une défaite mettrait Hamid Chabat, le SG du PI, dans une situation embarrassante puisqu'aucun siège n'a été gagné depuis son arrivée à la tête du parti sans parler de l'échec de sa stratégie bâtie sur l'opposition et les attaques frontales contre les responsables du PJD. Ces derniers connaissent très bien l'enjeu. C'est sans doute la raison pour laquelle le parti met le paquet ces derniers jours avec le déplacement de plusieurs de ses figures, notamment des ministres au gouvernement actuel. Même le chef de gouvernement Abdelilah Benkirane qui est également le numéro un du parti de la lampe a fait le déplacement dimanche dernier. Un déplacement qui a connu certains incidents. En effet, la voiture qui transportait Benkirane a été bloquée par un groupe de mécontents, que le PJD présente comme étant à la solde de l'Istiqlal. Le chef de gouvernement a également été interrompu à plusieurs reprises par d'autres groupes qui scandaient des slogans contre lui et son parti. En prenant la parole, le SG du parti de la lampe a laissé entendre qu'il s'attendait à de tels incidents mais il a tenu à se déplacer «pour montrer qu'il n'a pas peur des foules». Il n'a également pas manqué de faire référence à la marche organisée par le PI à Rabat contre la hausse des prix. Benkirane a, en outre, répété certains classiques de ses discours notamment que son parti «œuvre pour la réforme et que le combat actuel est contre ceux qui ne veulent pas le changement». Il a conclu en demandant aux électeurs de voter pour le candidat de son parti. C'est d'ailleurs le même candidat qui avait gagné dans le cadre d'élections partielles le même siège en février dernier. Mais la victoire a été invalidée par le Conseil constitutionnel en raison «de la participation de personnes étrangères» à sa campagne électorale. A noter que six candidats sont en lice pour les élections partielles prévues le 3 octobre. Il s'agit de Hassan Chehbi du parti de l'Istiqlal (PI), Mohamed Youssef (PJD), Kamal Laâfou (MP), Hamid Soufi du Parti du renouveau et de l'équité, Hafid Farhane du Parti de la réforme et du développement (PRD) et Mohamed Araychi du Rassemblement national des indépendants (RNI). Près de 64.000 personnes sont inscrites sur les listes électorales dans la province de Moulay Yacoub.