En Belgique, le nombre de Marocains détenus actuellement en prison est estimé à 1200. Un chiffre qui ne plait pas à beaucoup de monde, à commencer par Bart De Wever. Pour y remédier, le bourgmestre d'Anvers et président du N-VA propose de bâtir une prison belge au Maroc. Construire une prison belge au Maroc. L'idée, aussi irréaliste qu'elle semble être, est celle de Bart De Wever, président du parti nationaliste et conservateur N-VA et actuel bourgmestre d'Anvers. «Si j'avais été ministre de la Justice, j'aurais déjà essayé depuis longtemps de construire une prison belge au Maroc», a déclaré le responsable politique dans une interview avec le magazine flamand Humo. «Il y a près de 1200 Marocains derrière les barreaux dans notre pays. De quoi remplir une prison complète…», a-t-il ajouté. Et de poursuivre : «On ne peut plus continuer à ouvrir les robinets. Devons-nous encore signer une (Ndlr : autre) loi pour constater ensuite que seulement une quinzaine de personnes purge leur peine au Maroc ? Ce n'est pas comme ça qu'on y arrivera». Un investissement ? Pour convaincre les autorités marocaines, Bart De Wever a aussi sa petite idée : Faire passer son projet pour un investissement, qui pourrait générer, selon lui, plusieurs emplois supplémentaires au Maroc. Un tel investissement «signifie la création d'emplois. C'est de cette façon que nous pourrions nous lancer. Il faut construire quelque chose qui puisse aussi profiter aux Marocains», s'est-il défendu. En Belgique, la proposition du chef de file du N-VA n'a, dans tout les cas, pas séduit grand-monde. «C'est une idée qui ne serait réalisable qu'à dix ans, et nous nous concentrons sur la résolution des problèmes qui sont là maintenant», a estimé le cabinet de la ministre de la Justice belge Annemie Turtelboom (Open VLD), contacté par le quotidien Le Soir, soulignant que la surpopulation carcérale est aujourd'hui mieux maitrisée qu'il y a quelques années. «Il y a actuellement 1 700 personnes sous bracelet électronique. C'est une mesure essentielle pour l'exécution des peines et contre la surpopulation carcérale», a fait savoir le cabinet. «Pour la première fois depuis des années, les peines, même les plus courtes, sont exécutées. Et pour les plus courtes, elles le sont après trois semaines et non après un an, ce qui fait baisser le sentiment d'impunité», a ajouté le cabinet. Celui-ci n'a pas manqué de citer pour exemple l'Italie, qui avait décidé de construire une prison en Albanie. «Il y a eu en tout et pour tout 25 détenus, alors que l'objectif était placé à 1.000, et l'Italie a abandonné son projet», rappelle-t-on. «Ce n'est pas à la Belgique de décider» Interrogée également par la même source sur la proposition de Bart de Wever, Laurette Onkelinx (PS), ancienne ministre de la Justice, a estimé que ce n'était pas à la Belgique de prendre une telle décision. «Ce n'est pas à la Belgique de décider que des ressortissants marocains doivent purger leur peine au Maroc. Si une telle décision doit être prise, c'est de la compétence de ce pays», a souligné son cabinet. Pour le parti du Mouvement réformateur (MR), l'idée en question est raciste. «Pour moi, cette optique est raciste. Pourquoi se focalise-t-il sur le Maroc ? On pourrait très bien imaginer cette idée pour des ressortissants d'autres Etats, notamment européens», a déclaré Marie-Christine Marghem, députée MR et membre de la Commission de la Justice du parlement fédéral, citée par Le Soir. «C'est une idée simpliste, parce que les Etats ont leur souveraineté. Quand bien même le Maroc accepterait que la Belgique construise une prison au Maroc, il pourrait parfaitement refuser que des nationaux de son pays soient enfermés là», a-t-elle ajouté par la suite. 800 détenus marocains en Belgique Selon la ministre Annemie Turtelboom, ils sont actuellement 800 Marocains, et non 1200, à purger leurs peines en Belgique, dont près de 190 aptes à être renvoyés au Maroc, conformément à une convention bilatérale signée entre les deux royaumes.