Plus que déçue, la presse algérienne se sent trahie par le soutien renouvellé officiellement par le président de la république française, François Hollande, au plan d'autonomie marocain pour le Sahara, lors de sa visite au Maroc, la semaine dernière. En Algérie, lors de la visite du président français, tous avaient voulu croire que la politique de la France vis à vis du Sahara allait changer. « Le Maroc n'a rien à craindre d'un dialogue plus étroit entre Paris et Alger», avait voulu rassurer Jean Marc Ayrault, dans une interview au Matin, en décembre dernier, tandis que François Hollande réalisait sa première visite officielle au Maghreb en Algérie, au grand dam du Maroc. La semaine dernière, les 3 et 4 avril, lors de sa visite au Maroc, le président de la république française n'a envoyé aucun signal apaisant en direction de l'Algérie, loin s'en faut. Alors que Le Monde titrait «Visite de François Hollande au Maroc : Paris esquive le dossier sahraoui», mardi 2 avril, François Hollande s'est au contraire prononcé explicitement en faveur du plan marocain d'autonomie du Sahara, devant la chambre des représentants marocains, jeudi 4 avril. La presse algérienne réagit, samedi 6 avril, froissée de s'être laissée surprendre en train de croire à un changement de discours de la part de la France sur la question du Sahara avec la visite de François Hollande en Algérie. «Au Maroc, François Hollande a bien froissé les Algériens», titre la TSA, agence de presse algérienne. «Comme ses prédécesseurs, François Hollande, en réitérant le soutien de la France au plan d'autonomie marocain, présenté, dans la déclaration conjointe publiée à l'issue de la visite, «comme base sérieuse et crédible d'une solution négociée, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies», a irrité les Algériens», estime TSA. Double jeu de Hollande Plus virulent, Echorouk titre «La visite de Hollande en Algérie... la plus grande des trahisons». Pour le journal algérien, «la visite du président français au Maroc, a exposé la double face et la manipulation française dite 'l'amitié' avec l'Algérie. Dans un message codé, lu durant les accords avec le Maroc, François Hollande, a émis des déclarations qui donnent l'impression que la France a corrigé 'les erreurs' commises durant sa visite en Algérie en décembre dernier, […] Ce qui a fait tomber les masques et qui montrent que c'est de 'l'hypocrisie politique'.» «Contrairement à ce que François Hollande avait déclaré dans son discours d'Alger, il apporte son soutien aux propositions marocaines», estime également El Watan, qui titre plus simplement «Hollande appuie le 'plan de large autonomie' du roi». A y regarder de plus près, a aucun moment, François Hollande, lors de son voyage en Algérie, n'avait directement remis en cause la position historique de l'hexagone sur la Sahara, mais il ne l'avait pas non plus réitéré publiquement. François Hollande, dans un entretien avec les quotidiens El Watan et El Khabar, avait très exactement déclaré que la France «soutenait une solution négociée et mutuellement acceptable» de la question du Sahara, «conformément aux résolutions et paramètres clairement définis par le Conseil de sécurité», sans rappeler explicitement son soutien au plan marocain. Surtout, la multiplication des gestes d'amitié en direction de l'Algérie, avait laissé croire aux prémices d'un changement diplomatique. Sahara marocain Par son discours devant la chambre des représentants marocains, le président de la république n'a laissé aucun doute : «Il a affirmé que la France apporte son soutien à la démarche du secrétaire général de l'ONU pour parvenir à un règlement politique mutuellement acceptable sur la base des résolutions du Conseil de sécurité. Cependant, le président français affirme aussi 'que le plan présenté en 2007 par le Maroc, qui prévoit un statut d'une large autonomie pour la population du Sahara occidental, est une base sérieuse et crédible en vue d'une solution négociée'», souligne El Watan. Amer, un internaute, «Casbi» écrit, en commentaire de l'article d'El Watan : Cela explique pourquoi Hollande avait opté pour la visite en Algérie avant celle du Maroc. Il aurait eu des difficultés à faire ces déclarations d'abord au Maroc et puis venir nous honorer de sa visite après. Comme vous le constatez c'est du Machiavel pur et simple. Notre gouvernement aurait du se méfier du choix de Hollande de venir en Algérie avant d'aller au Maroc.»