Depuis le démentèlement de la cellule terroriste dite «lions de la khilafa au Maghreb Al Aqsa» au Maroc, les enquêtes en cours continuent de renseigner sur le mode opératoire des 12 membres interpellés, révélant des ramifications profondes et complexes avec Daech au Sahel. Les investigations révèlent, par ailleurs, de nouveaux procédés qui méritent une vigilance accrue. Le niveau de vigilance doit rester élevé afin de neutraliser les plans terroristes visant le Maroc, a affirmé, lundi à Salé, le porte-parole des services de la Sûreté nationale et de la Surveillance du territoire, Boubker Sabik. Intervenant lors d'un point de presse organisé par le Bureau central d'investigations judiciaires (BCIJ), le responsable a indiqué que les organisations et groupes terroristes n'opèrent pas selon un agenda prédéfini, mais guettent l'opportunité idoine pour exécuter leurs opérations en tout lieu. Le Maroc est pleinement engagé dans la coopération régionale et internationale en matière de lutte contre le terrorisme, notamment par l'échange des informations issues des recherches sur le terrain qui s'inscrivent dans le cadre de l'alerte et de la prévention avec plusieurs pays susceptibles d'en tirer profit pour neutraliser la menace imminente ou élargir les opérations de recherche y afférentes, a-t-il mis en avant. Par ailleurs, le responsable a fait état d'une hausse de la prévalence de l'idéologie terroriste dernièrement. Il a noté que la méthode adoptée par le groupe terroriste Daech consiste à exporter les opérations, en particulier en créant des unités spécialisées dans les opérations extérieures, selon l'idée que «le jihad ne doit avoir aucune limite, hormis celle de la Charia islamique». Concernant le démantèlement de la cellule dénommée «Lions du Califat à Al Maghreb Al Aqsa», Sabik a souligné qu'on planche actuellement sur l'identification de ses circuits et de ses connexions avec les réseaux de contrebande et de crime organisé. Aucune hypothèse susceptible d'apporter des réponses à l'enquête en cours ne sera écarté, a insisté le responsable. Le porte-parole officiel des services de la Sûreté nationale et de la Surveillance du territoire a averti, dans ce cadre, contre toute mise en doute des opérations de démantèlement des groupes terroristes, d'autant plus que les personnes liées à ces groupes s'activent à propager les rumeurs et semer la peur chez les citoyens, une tactique qui s'appuie sur le discours terroriste dont Daech a fait sa doctrine et qui se reflète dans les contenus des plateformes numériques qui lui sont liées. Terrorisme : L'instigateur de la cellule de Daech démantelée au Maroc identifié Le démantèlement de cette cellule a été le fruit d'un travail qui a duré près d'un an, avec une série d'opérations de terrain, d'analyses de données et de nombreux recoupements, a fait savoir Sabik. Sur le terrain, les opérations ont été exécutées simultanément, en coordination avec l'ensemble des intervenants sécuritaires, afin d'empêcher les membres de commettre des actes terroristes. Une structure organisationnelle complexe En réponse à une question sur les objectifs des cellules terroristes, Boubker Sabik a indiqué que les saisies offrent toujours un aperçu préliminaire sur le mode opératoire criminel des cellules démantelées. A ce titre, il a rappelé que les saisies consécutives au démantèlement de la dernière cellule comprenaient des engins explosifs connectés à des dispositifs de détonation à distance, ce qui montre que les mis en cause préparaient des attentats à distance. Et d'ajouter que cette cellule ciblait des installations sécuritaires et économiques sensibles, ainsi que des fonctionnaires chargés de l'application de la loi, en plus de cibles liées au domaine environnemental. Par ailleurs, Sabik a relevé que la cellule en question adoptait une structure organisationnelle complexe sous l'influence, l'incitation et les ordres du dénommé Abderrahman Al-Sahraoui, un haut dirigeant, de nationalité libyenne, de la «wilaya de Daech au Sahel», expliquant qu'il s'agit d'une structure pyramidale où «les coordinateurs étaient en contact direct avec ce dirigeant, tandis que les autres membres n'avaient aucun contact avec lui». Le groupe des coordinateurs était chargé de transmettre les «consignes terroristes» à l'«équipe des adhérents» en charge de l'exécution des opérations terroristes, en plus d'une cellule de soutien chargée du financement, ce qui dénote l'existence d'une «planification stratégique de la part de Daech pour établir une présence au pays d'Al-Maghreb Al-Aqsa», a-t-il détaillé. Concernant les armes saisies, Sabik a expliqué que la cellule prévoyait, dans une première étape, de commettre des explosions à distance, le matériel confisqué étant connecté à des téléphones portables et prêt à être activé lors de la phase d'exécution. Pour ce qui est des entraînements, l'enquête a révélé que plusieurs personnes arrêtées avaient consulté des sites électroniques pour apprendre à manipuler des armes à feu. Des terroristes formés via Internet De son côté, le contrôleur général de la police au BCIJ, Mohamed Nifaoui, a indiqué que les groupes terroristes exploitent les failles sécuritaires dans la région du Sahel et utilisent les circuits de contrebande transfrontalières, affirmant que «le Maroc fait face à ce défi avec grand professionnalisme». Selon lui, le lien préoccupant entre la menace terroriste et les nouvelles technologies de communication constitue un défi pour les services de sécurité marocains, en particulier dans le contexte de prolifération des plateformes de propagande, qu'elles soient officielles ou non, relevant d'Al-Qaïda, de Daech et de leurs branches. Il a été constaté, dans ce sens, que le recours des extrémistes à l'Internet a conduit à l'émergence d'une nouvelle génération de terroristes formés virtuellement et prêts à mener des projets destructeurs, a-t-il fait remarquer, rappelant que depuis 2016, il a été procédé à l'arrestation de 600 extrémistes actifs sur Internet. La menace représentée par cette catégorie se trouve aujourd'hui renforcée par la propension des organisations terroristes à privilégier les moyens peu coûteux et à opter pour la stratégie des «loups solitaires» et le déclenchement volontaire d'incendies, a signalé Nifaoui. Le contrôleur général de la police au BCIJ a conclu en affirmant que la politique sécuritaire marocaine en matière de lutte contre le terrorisme repose sur une forte doctrine sécuritaire qui considère cette lutte comme «globale et collective», avec une coopération au niveau sécuritaire et du renseignement.