A défaut d'une normalisation des relations avec l'Algérie, la diplomatie marocaine, l'officielle et la partisane, tente de rattraper le temps perdu en renouant avec la Mauritanie du général-président Ould Abdelaziz. Le ciel des relations maroco-mauritaniennes commence à s'éclaircir, les nuages se dissipent doucement. Hamid Chabat et Saâd Dine El Otmani ont fait, lundi, le déplacement à Nouakchott mais chacun selon son propre agenda. Le secrétaire général de l'Istiqlal était l'invité du parti au pouvoir, l'Union pour la république. Il a même été reçu, hier, par le président Mohamed Ould Abdelaziz, pendant une bonne trentaine de minutes. Un «privilège» que le ministre d'Etat sans portefeuille, et n°2 du PJD, Abdellah Baha, n'a pas eu lors de sa participation aux travaux du 2ème congrès de la formation islamiste, Tawassoul, tenues du 20 au 23 décembre dans la capitale mauritanienne, alors que le président Ould Abdelaziz s'entretenait avec un émissaire du chef du Polisario, en présence du ministre mauritanien des Affaires Etrangères, Hammadi Ould Bab. Objectif : Tourner la page de 2 ans de tension Le même jour de l'audience accordé à Chabat, le général Abdelaziz s'est réuni avec le chef de la diplomatie marocaine. El Otmani était à Nouakchott dans le cadre de la préparation de la 7ème session de la Haute commission mixte qui se tiendra, en Mauritanie, sous la présidence des deux chefs de gouvernement dont la dernière édition remonte à avril 2006. Par ce déplacement d'El Otmani, Rabat entend tourner la page de près de deux années de tension avec son voisin du sud, sachant que sa première visite, février 2012, dans ce pays n'avait pas permis de régler le différend survenu à l'issue de la course pour remporter un siège de membre non-permanent au Conseil de sécurité, revenu au royaume. Pire encore, une succession d'événements dont le plus important est les circonstances sont, toutefois, non encore élucidées, de la tentative, le 13 octobre 2012, de l'assassinat du président Ould Abdelaziz, ont davantage éloigné Nouakchott de Rabat. Certaines voix en Mauritanie ont même accusé le Maroc d'être à l'origine de cet incident. Une tension qui a largement bénéficié au Polisario qui a multiplié les contacts de haut niveau avec les dirigeants mauritaniens. Sahara : Le chef de la Minurso salue le rôle de la Mauritanie En ce début de ce mois, il n'y a pas que le Maroc qui a dépêché son chef de la diplomatie pour accélérer la réunion de la Haute commission mixte, le patron de la Minurso a été, également, reçu, hier, par le président Ould Abdelaziz. La question du Sahara était au cœur des discussions, un dossier sur lequel le Maroc tient à ce que la Mauritanie maintienne sa position de «neutralité positive» à son égard. Dans des déclarations à AMI (Agence mauritanien d'information), l'Allemand Wolfgang Weis-Weber a dit qu'il voulait «écouter les conseils du président et prendre connaissance de sa vision de l'avenir et de son évaluation de la situation sur le terrain pour assurer la réussite de l'opération politique, objectif auquel nous œuvrons tous (…) L'entrevue a permis de passer en revue la situation dans la sous-région en particulier la situation au Sahara occidental et les efforts des Nations Unies pour trouver une solution pacifique à cette question». Nouveau complexe diplomatique marocain à Nouakchott A l'issue des entretiens entre El Otmani et son homologue mauritanien, les deux ministres ont signé un mémorandum d'entente pour instaurer un dialogue politique régulier. Une première dans l'histoire des relations entre les deux Etats. Par ailleurs, El Otmani a procédé, lundi à Nouakchott, à la pose de la première pierre pour la construction d'un complexe diplomatique et consulaire du royaume à Nouakchott. Le siège de la nouvelle ambassade sera bâti sur «10.000 m2 dans le quartier Tefregh Zeina. Il comprend deux bâtiments, l'un dédié aux affaires diplomatiques et l'autre aux affaires consulaires et sociales, en plus d'un jardin et d'une résidence pour l'ambassadeur», souligne la MAP. Cette cérémonie a connu la présence des ambassadeurs de la Tunisie et de l'Algérie. La réalisation de ce projet nécessitera 18 mois.