Trois ouvriers agricoles marocains ont poursuivi leur employeur pour escroquerie de 14 000 euros, faute d'avoir touché leur salaire depuis leur arrivée en France pour travailler dans les propriétés viticoles du Libournais (Gironde). Les trois plaignants ont travaillé dans plusieurs propriétés auxquelles ils ont été envoyés à chaque fois par le mis en cause, qui ne les aurait jamais rémunérés. Décrivant des usages de réseaux d'exploitation de migrants au travail et de traite d'êtres humains, France 3 Régions rapporte que l'individu est la connaissance du père de l'un des plaignants. Au Maroc, le géniteur s'est endetté pour assurer le départ de son fils, contre des promesses de régularisation et d'acquisitions de la nationalité française qui n'auront jamais été honorées. Dénonçant l'escroquerie, l'association Bienvenue aux travailleurs agricoles en pays foyen et en pays castillonais (BTAPFPC) affirme au média que la victime n'avait qu'une carte de séjour saisonnière qui n'était plus valide. Ce document est lié à un patron spécifique, ce qui empêche son détenteur de rejoindre un autre emploi, en cas de désaccord. «Durant cinq mois, les trois hommes reçoivent des bulletins de salaire et des attestations employeurs, mais aucun argent ne tombe sur leur compte», fait savoir France 3 Régions. «L'intermédiaire percevait leurs salaires et les conservait sur son compte en leur expliquant qu'il s'agissait de rembourser leur prétendue dette de 14 000 euros», explique à la même source Christian Delgado, membre du collectif. Aux conditions financières s'ajoutent celles de l'hébergement des travailleurs, locataires à 170 euros d'un logement insalubre où ils auraient été «jusqu'à 12». A la suite de plaintes à ce sujet, «l'intermédiaire a menacé les trois victimes ainsi que leur famille restée au Maroc», ce qui a poussé les trois ressortissant à fuir à Castillon-la-Bataille. L'association fait savoir au média que la constitution de dossiers aux prud'hommes est envisagée. «Il faut qu'on puisse leur faire rattraper ces cinq mois de salaire qui n'ont pas été payés», insiste Christian Delgado.