Le film «Hercule contre Hermès» sera-t-il déprogrammé de la chaîne Arte le 7 mars ? Réponse le 5 mars, date à laquelle le réalisateur franco-marocain Mohamed Ulad doit passer devant le tribunal à Paris. Patrick Guerrand-Hermès, richissime héritier de la marque française l'accuse d'avoir violé sa vie privée lors du tournage du documentaire. La bataille du pot de terre contre le pot de fer continue dans l'affaire du film «Hercule contre Hermès», réalisé par le franco-marocain Mohamed Ulad. Dans un communiqué parvenu à notre rédaction hier vendredi 1er mars, la société Avec Productions informe que Mohamed Ulad a été assigné en justice, par Patrick Guerrand-Hermès, le 20 février dernier. L'audience est prévue le 5 mars au Tribunal de grande instance de Paris. Patrick Guerrand Hermès accuse le réalisateur d'avoir violé sa vie privée lors du tournage du film. «Il [Patrick Guerrand-Hermès, nldr] demande que celui-ci [le film, nldr] soit expurgé, se prévalant de son droit au nom et au respect de la vie privée au titre de la domiciliation», précise le communiqué. La bataille judiciaire entre le réalisateur et le riche héritier a débuté lorsque le cinéaste commence à réaliser un film racontant l'histoire de la famille paysanne El Maktiri. Elle vit paisiblement sur une vaste terre de 1700 m2 située au bord de la mer, près d'Asilah. Le personnage principal est Mohamed, surnommé Hercule pour sa carrure et la force de ses bras. Vivant avec ses parents, il est le fils aîné d'une fratrie de 8 frères et sœurs. Mohamed explique que cette terre leur a été léguée il y a 80 ans par son grand-père et que leur vie s'est transformée en un véritable cauchemar lorsque Patrick Guerrand Hermès a emménagé dans une maison voisine, il y a une dizaine d'années. Très vite, le riche héritier louche sur la terre de la famille Maktiri et demande à plusieurs reprises à la famille de la lui vendre. Celle-ci refuse. Cette terre est son unique source de revenu. Suite à son refus, la famille se dit victime d'intimidations et de pressions de la part du richissime héritier. Audience devant le tribunal De cette histoire, Mohamed Ulad a voulu en faire un documentaire, mal lui en a pris, Patrick Guerrand-Hermès après l'avoir en vain traîné en justice au Maroc, veut, à présent, empêcher la diffusion prochaine du film en France, prévue le 7 mars, à 23h40, sur Arte. Il a donc attaqué en justice pour violation de la vie privée. Contacté aujourd'hui par Yabiladi, Mohamed Ulad, rejette cette accusation. «On ne fait pas du Voici !», lâche le réalisateur. Il explique que dans le film, la maison de Patrick Guerrand-Hermès a été filmée trois fois au total, et de loin. Il ajoute qu'à aucun moment, il n'a filmé l'intérieur de la maison, le riche héritier, sa famille dans sa maison ou son jardin ou en caméra cachée. Mohamed Ulad confie même qu'à un moment du film, Patrick Guerrand-Hermès est sur un quad au bord de la mer mais qu'il a flouté son visage pour que le public ne le reconnaisse pas. «Si la maison a été filmée, c'est parce qu'elle est voisine de celle de la famille de mon film. C'était par soucis d'information, afin de remettre dans le contexte l'histoire que je raconte. Mais Patrick Guerrand n'est pas le personnage central du film, c'est bien la famille El Maktiri», se défend-il. Nous avons tenté hier après-midi de joindre Patrick Guerrand-Hermès sur son portable et lui avons également envoyé un mail pour lui donner la parole. Néanmoins, à l'heure où nous publions cet article, ce dernier n'est pas revenu vers nous. Nous avons également tenté de joindre l'avocat représentant M. Guerrand-Hermès, Maître Olivier Baratelli à Paris, mais sa secrétaire nous a fait savoir qu'il était «en rendez-vous à l'extérieur». Diffusion prévue sur Arte Mohamed Ulad craint que Patrick Guerrand-Hermès n'obtienne gain de cause devant le tribunal en dépit de ses arguments. «Le film est vraiment menacé et pourrait être déprogrammé. Si M. Guerrand-Hermès gagne, il sera déprogrammé et s'il perd, il fera appel. Mais à l'heure actuelle, la chaîne Arte maintient sa diffusion. Elle est confiante», affirme Mohamed Ulad qui ne cache pas son inquiétude. Néanmoins, le réalisateur ne perd pas espoir, d'autant que le film a déjà été diffusé sur la chaîne marocaine 2M en octobre dernier (cf le film de 52 min), en Suisse et au Canada. Le documentaire sera également bientôt diffusé sur des chaînes des pays de l'Est et dans le monde arabe et notamment sur Al Jazeera. Le réalisateur estime que déprogrammer son film sur une telle chaîne sera une autre paire de manche pour le richissime héritier. Bande annonce de «Hercule contre Hermès»