Avec 450 000 passagers depuis et vers le Maroc en 2023, Grandi Navi Veloci (GNV) ambitionne de capitaliser sur ses chiffres pour accompagner la demande croissante, tout en s'axant notamment sur le désengorgement des ports. Après Tanger, pôle portuaire continental par excellence, Nador est ainsi le nouveau point d'accostage de la compagnie maritime italienne, qui ouvre désormais son deuxième bureau dans le pays. Après Tanger, Grandi Navi Veloci (GNV) ouvre son deuxième bureau au Maroc dans la ville de Nador, à l'entrée du port. Faite dans la cité du détroit lors d'une rencontre de presse, cette annonce intervient dans un contexte où l'opération Marhaba 2024 bat son plein, avec une hausse considérable des voyages, principalement les familles marocaines du monde. En 2023, la compagnie maritime italienne a transporté plus de 450 000 passagers sur ses lignes marocaines. Cette année, l'objectif sera d'améliorer davantage les résultats. Dans ce sens, «l'une des plus importantes nouveautés est celle de l'ouverture imminente» de ce second siège, domicilié dans «un bâtiment non-utilisé, qui a été récupéré et revalorisé, vu sa très grande proximité du port», a déclaré Matteo Catani, PDG de GNV. Pour le responsable, il s'agit d'«un symbole de l'attachement» de l'entreprise à investir au Maroc, en phase avec «la vision de développement du port de Nador, qui va démarrer un projet de renouvellement de la gare maritime». «La réadaptation du bâtiment sera aussi niveau de la vision des autorités locales», a ajouté Matteo Catani. En réponse à une question de Yabiladi à ce sujet, le directeur général de MSC, partenaire de GNV au Maroc, Mohamed Kabbaj a déclaré que «développer une ligne maritime ou aérienne ne peut se faire de manière fortuite, mais plutôt sur la base de chiffres et d'informations». «Nous avons fait un travail logique de savoir, via les associations de Marocains résidents à l'étranger, avec lesquelles nous communiquons constamment. Il s'avère qu'une grande partie de nos voyageurs habite dans la région de l'Oriental et ses environs. Avant, ils devaient aller jusqu'à Tanger pour repartir. Le volume de ces passagers étant très important, cela nous a poussé, en concertation avec eux directement, à lancer cette ligne et à mettre les navires à leur disposition, mais aussi les espaces d'accueil, notre agence sur place, avec les standards les plus hauts qui existent dans le secteur à travers le monde.» Mohamed Kabbaj Rapprocher les points d'arrivée des destinations des familles MRE A Nador, le bâtiment investi par GNV s'étend sur plus de 800 mètres carrés avec des zones de repos, des ombrages, plus de 12 points de vente de tickets, en plus d'un café. Cette annonce intervient après celle faite par le transporteur maritime, il y a quelques mois, informant sur le lancement de la ligne Alméria-Nador. Après une année 2023 marquée par une augmentation de 5% du nombre de passagers par rapport à 2022, GNV au Maroc capitalisera particulièrement sur ce nouveau point d'ancrage, qui assurera le voyage aux estivants entre les deux rives. En effet, Matteo Catani a rappelé que le Maroc était «le premier marché international pour GNV». En 2023, la compagnie a transporté «près de 2,5 millions de passagers dans le monde», soit une hausse par rapport aux 2,3 millions de l'année d'avant. En 2024, «malgré un contexte de marché et de géopolitique marqué par plusieurs complications, nous continuons à croître (+11% en termes de passagers et de marchandises transportés) et les échanges avec le Maroc augmentent encore plus vite, deux fois plus vite (+26%)», a-t-il souligné. Maroc : Durant l'Opération Marhaba, GNV marque ses 30 ans de service maritime A ce titre, Mohamed Kabbaj a souligné que l'extension de GNV au Maroc suivait «un processus contrôlé du début jusqu'à la fin», de manière à accompagner les trajets des voyageurs dans les meilleures conditions, particulièrement durant la période estivale combinée aux fêtes de l'Aïd, dans le cadre de l'Opération Marhaba. Il s'agit ainsi de «mettre en place les bonnes bases» pour un suivi «du port de départ à celui de l'arrivée, d'autant que les clients sont des voyageurs de longues distances». Dans ce sens, le responsable a souligné «un taux de satisfaction de 92% grâce à l'amélioration des services». Questionné par Yabiladi sur les tarifs pour les familles MRE, nombreuses à voyager par bateau avec leurs enfants, le directeur général de MSC affirme par ailleurs que «beaucoup de voix s'élèvent pour dire que les billets sont chers». «Nous le comprenons, mais il faut comprendre aussi la typologie de nos clients. Ce ne sont pas des touristes, mais des familles qui organisent leur voyage bien à l'avance. Via notre application, nous avons mis en place une solution digitale pour informer sur les ventes et les promotions, des mois avant les dates prévisionnelles, ce qui permet des remises allant jusqu'à 40% par rapport aux prix affichés si l'on réserve à une semaine du départ», a-t-il insisté. «Le plus tôt on s'y prend est le mieux, avec plus d'avantages tarifaires. Aujourd'hui, plus de 70% de nos passagers réservent effectivement à l'avance, ce qui nous pousse à être confiants et à prendre des décisions d'ajouter des navires, au vu de l'engouement des voyageurs. Lorsqu'on entend les plaintes, il faut comprendre aussi qu'il y a des augmentations de coûts structurels, suite aux tensions géopolitiques, en plus du coût environnemental.» Mohamed Kabbaj Désengorger les ports les plus fréquentés Pour Mohamed Kabbaj, la question est ainsi de trouver l'équilibre entre «rentabiliser une ligne maritime pour la préserver et offrir un service à la hauteur». Dans ce même sens, il s'agit aussi d'éviter que «les flux descendent dans le même port», notamment celui de Tanger. Pour ce faire, l'idée est de privilégier «le port le plus proche du point d'arrivée», permettant à la fois «des conditions plus reposantes» pour les voyageurs et une «dynamique de désengorgement des ports» pour fluidifier le trafic au cours des périodes particulières des fêtes. Maroc : Le Port de Tanger Med en avance de 4 ans sur ses objectifs Cette rencontre a par ailleurs été l'occasion pour GNV et son partenaire MSC au Maroc de mettre en avant la centralité de la coordination entre l'ensemble des composantes et des parties prenantes pour la réussite de l'opération Marhaba. A ce titre, le transporteur maritime a affirmé son engagement auprès des autorités marocaines, notamment la Fondation Mohammed V pour la solidarité et le ministère du Transport. Outre les deux représentants, la rencontre a été marquée par la présence de l'ambassadeur d'Italie au Maroc, Armando Barucco, ainsi qu'une délégation de la commune de Gênes, conduite par l'adjoint au maire Pietro Piciocchi, en plus du président de l'Académie de la marine marchande, Eugenio Massolo et Mohamed Briouig, directeur de l'Institut supérieur d'études maritimes (ISEM). Article modifié le 19/06/2024 à 18h48