À l'occasion de la 30e édition du «Maghreb des livres», le plus grand salon dédié à l'univers littéraire maghrébin en France, l'historien anthropologue marocain Aomar Boum a présenté et signé son dernier ouvrage «Le dernier Rekkas», à l'hôtel de ville de Paris, ce dimanche 2 juin. L'auteur y retrace la vie de son père, feu Faraji Ben Lahcen Ben Bourhim Ben Boum, un «messager» qui transportait des lettres avant l'arrivée de la poste. Ce «projet est à la fois ethnographique et historique», rapporte Aomar Boum à la MAP, qui a tenté «de narrer l'histoire du sud du Maroc à travers des personnes ordinaires», comme son mentor. «Mon père a travaillé comme Rekkas dans les années 30 et 40. Le livre aborde donc la Seconde Guerre mondiale, les famines, les conflits tribaux et sa participation à la Marche verte. C'est une histoire qui débute alors à la fin des années 20 et s'achève en 1975», précise t-il. «En plus de rendre hommage à mon père et à ma région natale Tata, au sud du Royaume, ce récit historique vise à faire découvrir aux jeunes générations de l'ère numérique un métier peu connu aujourd'hui, celui de Rekkas.» Aomar Boum Egalement enseignant à l'Université de Californie à Los Angeles (UCLA), Aomar Boume explique que le récit tisse des liens entre trois générations, mêlant son histoire familiale à celle du Maroc. Il a d'ailleurs sollicité sa fille, Majdouline, âgée de quatorze ans, pour dessiner les illustrations. Afin d'apporter une dimension internationale à son livre et sensibiliser le plus grand nombre sur les Rekkas, Aomar Boum l'a retranscrit en trois langues : arabe, français et anglais. Par sa présence à ce salon, l'écrivain encourage les chercheurs marocains à concevoir des projets similaires au sien, de manière à entretenir l'identité culturelle marocaine. L'Association «Coup de Soleil» est à l'initiative de cette édition. Organisé en partenariat avec la ville de Paris et avec le soutien du Conseil de la Communauté marocaine à l'Etranger (CCME), le «Maghreb des livres», qui s'est tenu les 1er et 2 juin, a mis en lumière «les lettres marocaines». Plus d'une trentaine d'auteurs, chercheurs, journalistes et d'artistes du Maroc ou d'origine marocaine y ont participé, offrant aux visiteurs des séances de lectures, de dédicaces, d'expositions et de conférences. Un tas de thématiques a été abordé telles que les «cultures populaires», «la culture et les sciences», «survivre en exil», «le débarquement de l'Armée d'Afrique (août 1944)», mais aussi «la littérature au féminin», «l'architecture du Maghreb» et «les écrivaines du Maroc».