Une nouvelle étude suggère qu'il y a 13 000 ans, les habitants de la région actuelle du Maroc se sont nourris de plantes plus que de viande. Les preuves scientifiques montrent que les anciennes populations d'Afrique du Nord ont en effet pratiqué la cueillette bien avant le début de l'agriculture. Les premières populations du Maroc actuel ont des cueilleurs de plantes plutôt que des chasseurs. Il y a 13 000 ans, bien avant le début de l'agriculture, les peuples anciens parcourant l'Afrique du Nord se sont ainsi nourris de plantes et pas seulement de viande, contrairement aux idées communément admises. Une nouvelle étude publiée le 29 avril 2024, menée par un groupe de scientifiques marocains et internationaux, s'est penchée sur la composition des dents et des os des chasseurs-cueilleurs d'Afrique du Nord, pour mieux comprendre leurs habitudes alimentaires. A travers un approche multi-isotopique globale, les scientifiques ont utilisé «l'analyse du zinc et du strontium sur l'émail dentaire, l'analyse des isotopes au carbone, à l'azote et au soufre en vrac sur la dentine et le collagène osseux, ainsi que l'analyse d'un seul acide aminé sur les restes humains et fauniques de Tafoughalt», dans le nord-est du Maroc, lit-on dans l'étude publiée sur Nature. Des cueilleurs de plantes bien avant l'agriculture organisée Les résultats ont en effet révélé que les plantes étaient une base importante dans les habitudes alimentaires de ces chasseurs-cueilleurs. Alors que les scientifiques ont toujours pensé que les anciens peuples d'Afrique du Nord se basaient sur l'alimentation d'origine seulement avec l'essor de l'agriculture, les preuves apportées par l'étude indiquent que la cueillette des plantes a commencé bien plus tôt. «La transition d'un modèle de chasse et de cueillette à une économie basée sur l'agriculture, également connue sous le nom de néolithisation, constitue l'une des révolutions alimentaires les plus importantes de l'Histoire de l'humanité», affirment les scientifiques. Ils indiquent cependant qu'en Afrique du Nord, «une intensification progressive de la consommation végétale aurait commencé bien avant la domestication au Néolithique». Les restes de plantes et les marques retrouvées sur les dents analysées le montrent bien. «Notre étude met en évidence la dépendance alimentaire de la population du Tafoughalt par rapport aux plantes, alors que les ressources animales étaient consommées dans une proportion moindre que sur d'autres sites du Paléolithique supérieur, pour lesquels les données isotopiques sont disponibles», souligne-t-on. «Le potentiel de sevrage précoce des nourrissons à Taoughalt renforce la notion d'orientation alimentaire végétale pour la population, les plantes étant potentiellement à la principale source de nutrition des nourrissons», suggèrent encore les chercheurs. L'étude du régime alimentaire de ce groupe humain pré-agricole de Tafoughalt constitue un grand pas en avant dans la compréhension de la façon dont les peuples d'Afrique du Nord se nourrissaient dans le passé.