Alors qu'Anass Yakine est en train de relier à pied Dakhla à Tanger, un autre jeune Casablancais se prépare à accomplir un autre exploit sportif, d'un autre type. Financier de métier, Nacer Ibn Abdeljalil s'apprête à gravir, en mars prochain, les 9000 mètres d'altitude du Mont Everest. Il raconte à Yabiladi comment il prépare son voyage. C'est en mars prochain que le marocain Nacer Ibn Abdeljalil laissera de côté son costume-cravate sombre de financier casablancais pour gravir les 8848 mètres du Mont Everest au Népal, un voyage qui devrait durer deux mois au total. Agé de 33 ans seulement, il sera ainsi le premier Marocain à s'attaquer au plus haut sommet du monde, rappelle France 24 dans un article dédié à l'alpiniste marocain. Du Toubkal à l'Everest Après avoir gravé plusieurs sommets dans le monde, notamment le Toubkal au Maroc (4167 m), le Mont Blanc (4 810 m), l'Aconcagua en Argentine (6 959 m) ou encore le McKinley en Alaska (6194), gravir l'Everest ne sera pas une partie de plaisir. Et Nacer en est conscient. «Je prends certes des risques mais ce sont des risques mesurés. C'est comme en finance, il faut réduire les risques le plus possible. Je ne voudrais pas que ce soit mon dernier voyage», lâche-t-il. «Je suis quelqu'un de très persévérant et ça fait 10-15 ans que je pense à me lancer dans cette aventure. Et je me sens aujourd'hui prêt à le faire !», explique-t-il. Il confie néanmoins avoir quelques craintes : «J'ai peur de la fatalité et de la malchance malgré tout. La nature est totalement imprévisible. La montagne, c'est comme la mer, on peut être les mieux préparés au monde, la nature domine toujours au final et c'est à ce moment qu'on se sent tout petit», avoue-t-il. Un drapeau marocain dans la plus haute montagne du monde A la base marathonien et triathlonien [sport qui regroupe trois épreuves : la course à pied, course cycliste et natation], Nacer s'entraîne quotidiennement de 10 à 15 heures par semaine pour maintenir sa forme. Il se réveille tous les matins à 5 heures pour aller courir à la côte et y retourne le soir après le travail. Il compte dans quelques jours passer une semaine à l'Oukameïden pour s'habituer peu à peu à l'air montagnard, ensuite s'envoler en France pour faire un stage dans les Alpes avec une équipe de professionnels pour travailler notamment sa respiration. Enfin, il se rendra au Népal, 20 jours avant son ascension pour s'habituer au climat du pays. Nacer a déjà une idée précise de ce qu'il mettra en premier dans son sac, en plus de vêtements et d'équipements de survie. «Le drapeau marocain, c'est obligé !», lâche-t-il. Un drapeau qu'il compte planter au sommet de l'Everest comme l'a fait l'astrophysicienne Meriem Chedid en Antarctique en 2006. Un voyage à 80 000 dollars En plus de préparer son corps, Nacer doit également penser finance. «Le coût du voyage à lui seul s'élève à 60 000 dollars» explique-t-il. Il précise à France 24 que les frais de visa atteignent 20 000 euros, une somme à verser au gouvernement népalais pour sauvegarder l'Everest et l'environnement. «A quoi il faut ajouter l'équipement et l'assurance. Il faut compter au total près de 80 000 dollars pour la montée de l'Everest», ajoute-t-il. Pour financer ce voyage, Nacer compte décrocher des contrats de sponsoring. Grâce à son réseau professionnel, il a des contacts bien placés chez des sociétés d'assurance, des banques, des groupes télécom pour qu'ils puissent lui sponsoriser son voyage. En plus de planter le drapeau du Marocain dans l'Everest, il compte également planter les drapeaux des sociétés qui le sponsorisent ou appeler les gérants des sociétés une fois sur le toit du monde pour les remercier d'avoir cru en lui. «Si aucun n'accepte de me sponsoriser, je ne comprendrais pas car je vais porter au plus haut les couleurs de mon pays et de leurs entreprises. Si personne ne me sponsorise, il ne me restera plus qu'à escalader la Tour de Maroc Télécom !», lance-t-il en riant. Arrêter la spéculation pour profiter...de la vie Après son ascension à l'Everest, Nacer prévoit de changer et de profiter pleinement de sa vie et oublier les chiffres, les courbes et les cours des actions pour un certain temps. «Lorsque je travaillais comme financier chez Morgan Stanley à New York et à Londres durant au total 4 ans, je gagnais très bien ma vie et j'ai pu ainsi financer mes voyages et mes précédentes ascensions dans le monde. Mais aujourd'hui ce côté pécuniaire m'intéresse beaucoup moins. La finance lorsqu'elle est régulée, c'est bien, par contre je suis contre la finance spéculative qui entraîne des dérives», estime-t-il. Après l'Everest, il prévoit de se rendre dans des endroits du monde où les Marocains n'ont pas l'habitude de mettre les pieds comme en Antarctique ou au Groënland.