Après son ascension réussie de nombreux sommets à travers différents pays, l'alpiniste marocain Adil Taibi a relevé le défi d'atteindre le deuxième plus haut point au monde et le plus dangereux. Pour autant, l'aventure n'est pas encore terminée, puisque le sportif il s'est lancé le challenge, depuis 2019, de hisser le drapeau du Maroc sur les sept sommets du monde. Le périple d'Adil Taibi jusqu'au sommet K2 (8 611 m) du massif du Karakoram, au niveau de la frontière sino-pakistanaise, a été semé d'épreuves qui marquent à jamais. Des températures extrêmement basses aux tempêtes soudaines de neige, des routes accidentées aux terrains de nature hostile, en passant par la rareté de l'oxygène, l'alpiniste a assisté aussi à la mort d'autres aventuriers, dans leur tentative d'atteindre le même point culminant, deuxième plus haut sommet du monde après l'Everest (8 849 m). Mais ces conditions difficiles n'ont fait perdre à l'alpiniste marocain ni son espoir de réaliser l'exploit qui semble impossible pour beaucoup, ni sa forte volonté d'y arriver. Gravir le mont K2 a nécessité deux mois de préparations, avec un de ses amis. En dehors de l'alpinisme, Adil Taibi, 42 ans, est ingénieur d'Etat au ministère de l'Equipement et de l'eau. Sa longue expérience d'alpiniste, elle, a débuté en 1995 avec l'ascension de Jbel Bouhayati, près de Khénifra. Avant de se lancer le défi d'atteindre le deuxième plus haut sommet du monde, il a déjà franchi le premier, l'Everest, en plus d'avoir escaladé d'autres, y compris le Denali (6 190 m) dans la chaîne montagneuse de l'Alaska, plus haut point d'Amérique du Nord. A son actif, il compte aussi le Kilimandjaro (5 895 m, Tanzanie), dit «le toit de l'Afrique», en plus de celui de l'Europe, l'Elbrouz (5 642 m, Russie), ou encore celui de l'Amérique du Sud, l'Aconcagua (6 961 m, Argentine). Objectif gravir les sept sommets du monde La plus récente aventure d'Adil Taibi s'inscrit dans le cadre du défi qu'il a décidé de se lancer, depuis 2019, consistant à vivre l'expérience de l'ascension des sept plus hauts sommets du monde. Auprès de Yabladi, il a confié ses souvenirs de sa dernière réalisation au sommet du K2. «Je suis arrivé au Pakistan le 14 juin et j'en suis parti le 5 août. Le processus d'ascension est constitué de plusieurs étapes et il nous a fallu deux mois pour atteindre le point culminant», a-t-il déclaré. Rappelant que ce mont est «l'un des plus dangereux que l'on puisse gravir au monde», Adil Taibi se souvient que «des personnes sont mortes en essayant de l'atteindre». «Durant notre montée, nous avons vu des corps d'alpinistes qui ont trouvé la mort en plein périple», a-t-il ajouté. «Ce sommet est connu pour son accès difficile par rapport aux autres. D'ailleurs, des statistiques de 2019 montrent qu'un sur quatre alpinistes perd la vie durant cette ascension», souligne-t-il encore auprès de notre rédaction. «Un compatriote [Ibrahim Bennouna, ndlr] et moi avons entrepris l'aventure. Mon ami a atteint une altitude de 8 100 mètres et a décidé de revenir. Il ne pouvait pas continuer à cause de la basse température, qui atteignait -37 degrés.» Adil Taibi Un périple qui se termine en solitaire Après avoir vu son compagnon de route battre en retraite, Adil Taibi a été doublement déterminé à franchir le sommet. «Je me suis senti responsable de hisser le drapeau du Maroc sur le point culminant», nous a-t-il confié, bravant ainsi différents dangers réels, entre «avalanches, creux et chutes de pierres». Les alpinistes s'aident d'une corde pour terminer l'ascension, l'oxygène se faisant de plus en plus rare, au fur et mesure de la montée en altitude. C'est pour cette raison d'ailleurs que cette dernière ligne droite est un périple qui se mène entièrement en solitaire, puisque les quantités d'oxygène en stock suffisent à peine pour l'effort individuel. «A une altitude de 8 200 mètres, j'ai connu le cas du décès d'un Pakistanais. Je suis resté un moment à échanger avec ses amis sur cette pente très dangereuse, qui a vu la mort de nombreux alpinistes, durant les précédentes années. Tous les grimpeurs savent qu'au-delà de 7 500 mètres, nous sommes dans la zone de la mort où aider quelqu'un d'autre, c'est inévitablement prendre un risque périlleux, surtout que la quantité d'oxygène est limitée.» Adil Taibi Cette aventure a ainsi valu à l'alpiniste un effort surhumain, autant sur le plan physique que mental. Au-delà, la dimension financière d'un tel périple se pose également, puisque celui-ci a coûté à Adil Taibi la somme de 400 000 dirhams. Afin de s'en donner les moyens, le grimpeur a dû vendre sa voiture et compter aussi sur le soutien familial, faute de sponsors.