Au Québec, bien que le taux de scolarisation des immigrés soit nettement supérieur à celui de la population québécoise d'origine, ces derniers sont les premiers à se retrouver au chômage. La discrimination à l'embauche en est la principale cause selon les conclusions de l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques, qui vient de publier une étude sur la question. Bien qu'ils soient plus qualifiés à travailler, les immigrés ont souvent plus du mal à trouver un emploi que leurs concitoyens au Québec. C'est ce que conclut l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS) dans une étude rendue publique mardi 27 novembre. En 2006, le taux de chômage des immigrés résidant dans la province du Québec était de 11,2% alors que celui des natifs du Québec se situait à 5,2%. Pourtant, 51% de ces migrants, «très récents», âgés de 25 à 64 ans, détenaient un diplôme universitaire contre seulement 19% des Canadiens, explique l'étude dont la presse canadienne s'en est fait largement écho. «D'importantes différences salariales» Aujourd'hui, la situation aurait nettement empiré plus particulièrement au Québec. «Avec des taux de scolarisation largement plus élevés que la moyenne des natifs du Québec, les immigrants affichent des taux de chômage 2 à 3 fois plus élevés et d'importantes différences salariales», affirme Mathieu Forcier, chercheur à l'IRIS. Et de préciser: «ces différences sont d'ailleurs plus marquées au Québec qu'au Canada». Aussi, au Québec, un immigré détenant un diplôme d'un pays «développé» a 60% plus de chances de trouver un premier emploi qu'un autre immigré issu d'un pays «moins développé», explique l'étude qui souligne que cette avantage n'est que de 36% en Colombie-Britannique par exemple. Certes, il y a «le problème de la non-reconnaissance des diplômes étrangers non occidentaux» qui est «nettement plus important au Québec que dans les provinces canadiennes de comparaison». Mais ce n'en est pas la seule cause. L'étude de l'IRIS démontre également que l'expérience de travail à l'étranger est moins considérée au Québec (32 %) qu'ailleurs. C'est en Ontario qu'elle est le plus reconnue (47%). «Même avec un diplôme canadien en poche, les immigrés ont plus de mal ici qu'ailleurs à dénicher un emploi», explique Laura Handal, également chercheure à l'IRIS. Les immigrés «surresponsabilisés» ? Pour les auteurs de l'étude, les immigrés sont souvent «surresponsabilisés devant les obstacles qu'ils rencontrent» lors de leur recherche d'emploi pendant que les recruteurs, eux, se «déresponsabilisent de leurs difficultés». «L'immigration ne peut pas régler tous les problèmes du Québec, mais elle peut sûrement aider en raison du fait que les nouveaux immigrants sont plus qualifiés que la moyenne et qu'ils représentent un potentiel élevé pour l'innovation et le développement économique», assure Mathieu Forcier. Pour ce dernier, «l'immigration ne doit pas se réduire à une simple perspective comptable. Ce sont des futurs citoyens qui sont appelés à contribuer non seulement au développement économique mais au développement social et culturel». Isabelle Leblanc, une entrepreneuse canadienne, ne dira pas le contraire. Il y a quelques mois, elle avait recruté 21 Marocains pour les deux restaurants McDonald's qu'elle a ouvert, l'un à Amos et l'autre à Val-d'Or, dans l'ouest du Québec. Aujourd'hui, elle en est visiblement très satisfaite.