«En apparence, les jeunes d'origine immigrée réussissent moins bien que les autres à l'école. Mais si l'on tient compte de leur milieu social, c'est tout l'inverse...». C'est ce que vient de conclure l'Observatoire des inégalités dans une étude portant sur le parcours scolaire des enfants issus de l'immigration. Selon une étude du ministère français de l'Education, datant de septembre 2010, les enfants issus de l'immigration réussissent moins à obtenir le baccalauréat que les autres élèves de familles non-immigrées. «Entre 50 et 55 % des enfants dont la famille est originaire du Maghreb, d'Afrique sub-saharienne ou du Portugal obtiennent le bac, contre 64,2 % pour les enfants de famille non-immigrée. Le taux est de 33 % pour les enfants originaires de Turquie, mais de 66,8 % pour ceux dont la famille vient d'Asie du Sud-Est», affirmait alors le ministère. Mais selon l'Observatoire des inégalités, organisme indépendant d'information et d'analyse sur les inégalités en France et ailleurs, ces données sont «trompeuses». Comparer l'incomparable Dans une étude publiée le 9 octobre 2012, relayée ce jeudi par L'Express, l'observatoire affirme en effet que, contrairement aux idées reçues, les enfants d'immigrés réussissent mieux à l'école que les autres. Pour l'observatoire français, les chiffres du ministère ne tiennent pas compte de l'origine sociale des parents et de leurs parcours scolaires. «Les enfants d'origine immigrée sont, en moyenne, issus de milieux beaucoup moins qualifiés. Or, pour l'ensemble de la population, le taux de bacheliers parmi les enfants dont la mère n'a aucun diplôme est de 40 %, contre 90 % pour celles dont la mère est diplômée de l'enseignement supérieur. Bref : on compare des populations qui ne peuvent pas l'être», estime l'étude. Mais encore. Si seuls les enfants dont les deux parents n'ont pas le bac, qu'ils soient d'origine immigrée ou pas, sont pris en compte, il n'y aurait plus de différence. «Les écarts sont quasiment nuls entre immigrés et non-immigrés pour l'obtention du bac général ou technologique», affirment les chercheurs de l'observatoire. Cette conclusion ne concerne, toutefois, pas les enfants dont les familles sont originaires de Turquie, qui réussissent moins bien que la moyenne, ainsi que ceux originaires d'Asie du Sud-Est, qui eux réussissent mieux. «Toujours mieux !» Pour infirmer les conclusions faites par le ministère de l'Education, l'observatoire est encore allé plus loin. L'Observatoire a, en effet, voulu «déterminer la probabilité de réussite pour des populations comparables : à catégorie sociale, niveau de diplôme des parents ou composition familiale équivalents. "Toutes choses égales par ailleurs", comme disent les statisticiens». Résultat : les enfants d'origine immigrée réussissent «toujours mieux !». En conclusion, si les enfants d'immigrés ont de moins bons résultats à l'école que les autres, ce n'est nullement dû à leurs origines, mais plutôt au fait que «leurs parents appartiennent à des milieux sociaux défavorisés». Le même constat a également été fait par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), soulignant que les filles issues de l'immigration marocaine, entre autres, obtenaient « plus souvent un baccalauréat que les filles ni immigrées ni enfants d'immigrés, si l'on raisonne à caractéristiques sociales et familiales données».