Avec toutes les démarches administratives que nécessite la constitution d'une demande de naturalisation, de nombreux Marocains résidant en Espagne, attendent une réponse depuis maintenant quatre ans, voire plus. Et leurs dossiers étaient même déjà classés dans les archives du ministère de la Justice. Plus de 430 000 personnes ayant déposé leur demande de naturalisation depuis plusieurs années n'ont jusqu'à ce jour reçu aucune réponse du ministère espagnol de la Justice, selon la presse locale. Venus majoritairement du Maroc, de l'Equateur, du Pérou et de la Colombie, la plupart de ces résidents attendent depuis quatre ans pour certains, et sept ans pour les cas jugés complexes. Et pour cause, les demandes de naturalisations ces dernières années ont considérablement augmenté. En effet, chaque mois, 10.000 nouveaux dossiers s'accumulent dans des tours gigantesques de documents. «Nous n'étions pas préparés à l'afflux des demandes ces dernières années», affirme Joaquin Rodriguez, directeur du département des Registres et du Notariat auprès du ministère espagnol de la Justice. Un «droit» Si l'Etat espagnol n'est pas obligé d'accorder la nationalité à tous ces étrangers, il a au moins le devoir d'apporter une réponse à leur demande, que celle-ci soit positive ou négative. Et ça, le directeur des Registres et du Notariat l'organisme du ministère de la Justice en charge du traitement, Joaquin Rodriguez, le reconnait bien et estime que c'est un «droit» pour ces étrangers. Pour résoudre le problème, ils ont commencé un travail de numérisation des 430 000 dossiers de demandes, sachant que la plus part d'entre eux sont classés dans les archives depuis longtemps. A la fin de la semaine dernière, seuls 260 000 dossiers ont été numérisés, alors que l'administration prévoit de répondre aux 430 000 candidat à la nationalité avant les fêtes de noël. Un autre souci dans le processus d'obtention de la nationalité : les questions posées lors des interviews. Bien qu'un porte-parole de l'Intérieur affirme qu'il existe un «patron» sur les questions que la police doit poser aux postulants pour apprécier leur intégration au sein de la société espagnole, quelques personnes consultées assurent avoir eu à répondre aux questions telles : «Qui est-ce qui gouverne mieux, le PP ou le parti socialiste espagnol ? La gauche ou la droite donne-t-elle plus de travail ?». Selon M. Rodriguez, «tout doit être mieux organisé». Il estime que l'Espagne devrait s'inspirer du modèle pratiqués dans plusieurs autres pays européens qui donnent, par exemple, des documents à étudier aux candidats à la naturalisation, de telle sorte qu'ils soient bien préparés pour les interviews et que les questions ne diffèrent pas selon les personnes. Casse-tête incessant pour les Marocains Les Marocains sont cités en premier parmi ceux qui ont ce problème de naturalisation en Espagne. Pourtant première communauté étrangère dans le royaume ibérique, les Marocains rencontrent de plus en plus de difficultés à obtenir la nationalité au fil du temps. Bien que l'évolution de l'immigration constatée ces dernières années est à considérer, le professeur Joaquin Arango faisait comprendre à El Pais l'an dernier que la législation est clairement discriminante», une discrimination fondée sur l'origine.