La brillante qualification des Lions de l'Atlas aux huitièmes de finale de la Coupe du monde, donne des soucis à certains médias en Espagne. Ils attribuent les bons résultats du Maroc à son recours à des binationaux mais oublient que la Roja a toujours compté sur de vrais étrangers. A deux jours de la confrontation entre les Lions de l'Atlas et la Roja pour le compte des huitièmes de finale du Mondial Qatar 2022, une partie de la presse espagnole verse dans la provocation. En témoigne l'article publié, dimanche 4 décembre, par La Vanguardia, intitulé : «L'Espagne contre la sélection de l'ONU». «L'adversaire de l'Espagne du mardi en huitièmes de finale, est une véritable équipe de l'ONU avec jusqu'à 14 footballeurs étrangers - nés hors du territoire marocain - issus de six pays d'origine», explique l'auteur du texte. Il enchaîne ensuite par citer des cas à même d'appuyer sa version, tels que : Acharf Hakimi né à Getafé, dans la banlieue de Madrid ; Abde Ezzalzouli à Elche, Hakim Ziyech, Noussair Mazroui, Sofyan Amrabat et Zakaria Aboukhal, qui ont vu le jour aux Pays-Bas, Sofiane Boufal et Romain Saïss en France ; Yassine Bounou au Canada ; Walid Cheddira en Italie ou encore Bilal El Khannous en Belgique. Les vrais étrangers de la Roja Si le Maroc a attendu des décennies pour intégrer dans les rangs des Lions de l'Atlas ses enfants nés en Europe, l'Espagne a naturalisé de vrais étrangers qui n'avaient aucun lien de sang avec ce pays, à l'exception d'être de bons footballeurs évoluant dans des équipes espagnoles. Sans contestation, l'Argentin Alfredo Di Stéfano en est le parfait exemple. Il est né le 4 juillet 1926 à Buenos Aires et a même joué 6 matchs avec la sélection de l'Argentine. En 1956 il est naturalisé espagnol par le régime de Franco. Son camarade au Real Madrid, le Hongrois Ferenc Puskás a suivi le même parcours bien que les aléas de la politique, suite à l'invasion de son pays par les forces de l'Union soviétique en 1956, lui aient imposées le choix de défendre les couleurs de l'Espagne. Immédiatement après avoir obtenu la nationalité espagnole en 1961, il est convoqué pour jouer contre le Maroc, lors des mémorables deux matchs pour la qualification au Mondial de 1962 au Chili, remportés par l'Espagne. Tout récemment, la Roja qui a remporté la Coupe d'Europe des nations de 2008 et la coupe du monde de 2010, comptait dans ses rangs, selon les termes de la Vanguardia, un étranger né à Sao Paulo au Brésil en 1976. Il s'agit du milieu de terrain défensif Marcos Antônio Senna da Silva, naturalisé espagnol en 2006 à la veille du Mondial en Allemagne. Le Brésilien Thiago Alcântara, qui évolue actuellement au Liverpool, est un autre étranger qui a porté les couleurs de l'Espagne 46 fois. Il a été écarté par l'entraineur Luis Enriqué de la liste des joueurs appelés au Mondial du Qatar 2022. Le recours à des étrangers ne se limite pas à la sélection espagnole de football, mais concerne aussi d'autres disciplines sportives. Aux Championnats du monde d'Athlétisme, organisés en juillet dernier aux Etats-Unis, Mohamed Katir El Haouzi, d'origine marocaine natif de Ksar El Kébir, a offert à l'Espagne une médaille de bronze sur 1 500 m. Un autre Marocain, Abderrahman Aït Khamouch, né à Ouarzazate, avait réussi à donner à l'Espagne, quatre médailles aux Jeux paralympiques d'été : Deux médailles d'argent et de bronze en 2008 à Pékin sur 1 500 m et 800 m ; une d'argent en 2012 à Londres sur le Marathon et une quatrième d'argent en 2016 à Rio de Janeiro sur la même discipline. Des exemples que la presse espagnole préfère passer sous silence.