Les exportateurs espagnols vers l'Algérie continuent de payer un lourd tribut pour le soutien de Pedro Sanchez à la solution d'autonomie proposée par le Maroc pour le règlement de la question du Sahara occidental. Malgré le démenti officiel algérien et des propos apaisants de certains investisseurs algériens, la suspension des domiciliations bancaires est toujours en vigueur. Dans le sillage de la suspension par l'Algérie de son traité d'amitié avec l'Espagne, l'Association professionnelle des banques et établissements financiers d'Algérie a ordonné, le 9 juin, le gel de toute démarche de domiciliation bancaire pour l'import ou l'export vers et depuis l'Espagne. La mesure de suspension des opérations commerciales est toujours en vigueur. Un mois après l'annonce de l'Association des banques, «des dizaines de conteneurs de produits espagnols sont toujours bloqués, dans les ports d'Alger et Oran», rapporte ce vendredi 15 juillet El Confidencial. Dans des témoignages accordés à cette publication, les exportateurs ibériques pointent un «manque d'appui diplomatique» de la part du gouvernement espagnol. Les entrepreneurs, qui déplorent les pertes financières conséquentes, attribuent ces restrictions décrétées par l'Algérie au soutien de Pedro Sanchez au plan marocain d'autonomie au Sahara occidental, ajoute la même source. En 2021, les exportations espagnoles vers l'Algérie ont atteint 1,88 milliard d'euros contre 4,7 milliards d'euros d'importations, dont 90%, sont des produits énergétiques, indiquent des médias ibériques. Le démenti officiel algérien démenti sur le terrain Ce blocage qui perdure apporte un démenti aux propos apaisant de certains représentants des milieux d'affaires en Algérie. En effet, le président du Cercle hispano-algérien du Commerce et de l'industrie (CCIAE), Djamel Eddine Bouabdellah, avait assuré le 14 juin, dans des déclarations à EFE, que la suspension des opérations «durera seulement quelques jours et nous allons reprendre les domiciliations bancaires pour l'import ou l'export vers et depuis l'Espagne». Pour sa part le ministère algérien des Affaires étrangères avait réfuté tout boycott bancaire de l'Espagne. «Cela n'existe en fait que dans l'esprit de ceux qui la revendiquent et de ceux qui se sont empressés de la stigmatiser», avait précisé le 10 juin l'ambassade de l'Algérie auprès de l'Union européenne dans un communiqué. Néanmoins, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a reconnu, le 30 juin, qu'à l'exception des exportations algériennes de gaz, «il y a effectivement un blocage des opérations» commerciales par l'Algérie. Même son de cloche auprès de sa collègue secrétaire d'Etat au Commerce, Xiana Méndez. Ainsi, le 29 juin lors de sa comparution devant la Commission de l'Industrie, de commerce et du tourisme à la Chambre basse du Parlement, elle a déploré «une paralysie quasi-totale des échanges commerciaux. Ce que nous considérons comme pouvant constituer une rupture de l'accord d'association avec l'Union européenne» et l'Algérie de 2005. Pour mémoire, la Commission européenne avait adressé une mise en garde à l'Algérie, dans un communiqué signé le 10 juin par le Haut représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Josep Borrell, et le vice-président de la Commission en charge du Commerce Valdis Dombrovskis. «L'UE est prête à s'opposer à tout type de mesures coercitives appliquées à l'encontre d'un Etat membre. Cela conduirait à un traitement discriminatoire d'un Etat membre de l'UE et nuirait à l'exercice des droits de l'Union au titre de l'accord», avec Alger, ont-ils prévenu. Depuis, l'UE n'a pas encore annoncé des mesures de rétorsion contre le gouvernement algérien.