Le Maroc a pris part, en Allemagne, à une réunion militaire sur l'invasion russe de l'Ukraine. Cette présence marque un tournant dans la politique de «neutralité», observée, depuis le 24 février, par le royaume. Aux côtés de 40 alliés des Etats-Unis, le Maroc a pris part, mardi 26 avril à la base aérienne américaine de Rammstein en Allemagne, à une réunion consacrée à fournir davantage d'aides militaires à l'armée ukrainienne. La délégation marocaine était conduite par le ministre délégué chargé de l'Administration de Défense Nationale, Abdellatif Loudiyi. Une présence qui marque un tournant majeur dans la position du royaume vis-à-vis de l'invasion russe du territoire ukrainien, décrétée le 24 février par le président Vladimir Poutine. Jusque là prudente, Rabat avait observé une position de «neutralité». Elle a d'ailleurs joué la chaise vide à l'Assemblée générale des Nations unies, les 2 et 24 mars ainsi que le 7 avril, lors des votes des résolutions condamnant l'intervention militaire russe en Ukraine. Pour rappel, le ministère des Affaires étrangères marocain avait expliqué, le 2 mars dans un communiqué, que malgré sa non-participation à l'opération du vote «le Royaume du Maroc réaffirme son fort attachement au respect de l'intégrité territoriale, de la souveraineté et de l'unité nationale de tous les Etats Membres des Nations unies» mais sans aller jusqu'à condamner publiquement l'agression russe. Maroc, Tunisie, Qatar et Israël ont pris part au sommet A la réunion de Rammstein décidée par les Etats-Unis, le ton militaire a pris le dessus sur le processus des négociations de paix. Dans une allocution, Lloyd Austin, le secrétaire américain à la Défense, a donné le ton, soulignant que l'objectif de la rencontre d'une quarantaine de «nations de bonne volonté» est «d'intensifier les efforts, coordonner l'assistance, et se concentrer sur la victoire du combat d'aujourd'hui et des combats à venir». «L'issue de ce conflit dépend des personnes réunies aujourd'hui dans cette pièce», a abondé le chef d'état-major américain le général, Mark Milley. Il convient de rappeler que le royaume bénéficie, depuis juin 2004, du statut d'allié majeur des Etats-Unis non-membre de l'OTAN. Un titre qui comprend des privilèges et des devoirs. Depuis, le Maroc est engagé dans quasiment toutes les coalitions sécuritaires montées par les Américains. C'est le cas pour la coalition contre l'Organisation de l'Etat Islamique, dont il accueille une nouvelle session le 11 mai prochain à Marrakech, ou encore celle contre la menace de l'Iran (le Processus de Varsovie, lancé en février 2019 par l'administration Trump). Le Maroc n'était pas le seul pays arabe ayant fait le déplacement à la base de Rammstein. La Tunisie et le Qatar, qui bénéficient du même statut d'allié, respectivement depuis 2016 et 2022, ont répondu présent à l'invitation des Etats-Unis. Israël a également pris part à cet événement. Les Américains envisagent d'appeler ses alliés à se réunir chaque mois pour examiner les moyens à même de renforcer les capacités militaires de l'Ukraine.