Au lendemain de la fin de la visite du président algérien, Abdelmadjid Tebboune, en Egypte, le Maroc réaffirme sa solidarité avec la position adoptée par les principaux pays du Conseil de Coopération du Golfe et condamne publiquement l'ingérence iranienne dans les affaires internes de ces Etats. Les derniers développements que connait la guerre au Yémen, rapprochent davantage le Maroc du Conseil de la Coopération du Golfe (CCG). Après la condamnation du roi Mohammed VI de l'attaque menée, le 17 janvier, par des drones appartenant aux rebelles houthis, soutenus par le régime iranien, contre des installations civiles à Abou Dhabi, c'est au tour de Nasser Bourita d'exprimer la solidarité du Maroc avec les monarchies de la région. A l'occasion d'un entretien, organisé ce mercredi par visioconférence, avec le secrétaire général du CCG, Nayef Falah Al-Hajraf, le chef de la diplomatie a «condamné toutes les formes d'ingérence iranienne flagrantes dans les affaires intérieures des pays du Golfe, particulièrement dans le Royaume frère de Bahreïn». Pour étayer ses propos, le ministre des Affaires étrangères a puisé des passages du discours du souverain lors du sommet Maroc-Pays du Golfe, tenu le 20 avril 2016 à Riyad. Mohammed VI y avait souligné que le royaume «a toujours considéré que la sécurité et la stabilité des pays du Golfe sont indissociables de la sécurité du Maroc». En mars 2009, Rabat avait d'ailleurs rompu ses relations diplomatiques avec Téhéran pour marquer sa solidarité avec le Bahreïn dont l'unité et l'intégrité territoriale étaient menacées par l'Iran. En condamnant l'Iran, le Maroc triangule avec l'Algérie Cet échange a permis aussi à Bourita de réaffirmer la disposition du Maroc à «jeter les bases d'une nouvelle étape de coopération qualitative avec le CCG «visant à consacrer un cadre de partenariat renouvelé et favorable au renforcement des relations politiques, économiques, commerciales et humaines». Force est de constater qu'en insistant sur l'ingérence iranienne dans la région, le Maroc prend une sérieuse avance sur l'Algérie. En effet, la condamnation du régime iranien lors du prochain sommet arabe -que le président Abdelmadjid Tebboune tient à accueillir et à présider-, constitue l'une des pierres d'achoppement entre l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis et Alger. Jusqu'à présent, l'Algérie se refuse à franchir ce pas. En revanche, Tebboune a depuis Le Caire mis en garde contre des «agendas publics ou secrets qui ne servent pas les ambitions communes» des peuples arabes. Une allusion au processus de normalisation avec Israël en cours d'opérationnalisation dans la région, avec la signature des accords d'Abraham par le Maroc, le Soudan, le Bahreïn et les Emirats arabes unis. Hier, le ministre israélien des Affaires étrangères, Yaïr Lapid, a annoncé dans des déclarations à la Radio de l'armée que l'Arabie saoudite et l'Indonésie ainsi qu'un petit pays musulman allaient rejoindre ce club, dans les années à venir. Pour rappel, en novembre dernier, le président algérien avait fixé, dans une allocution prononcée devant les diplomates de son pays, l'objectif du 31e sommet arabe. «C'est une précieuse opportunité pour renouveler l'engagement collectif de soutien à la cause palestinienne à travers le respect par tous les Etats membres de l'Initiative de paix arabe». La menace iranienne n'avait pas du tout été mentionnée dans son discours.