Entre Fès-Meknès et la région de l'Oriental, plusieurs maisons utiliseront bientôt des briques et du carrelage décoratif et artisanal à base de marc de café grâce à une jeune startup baptisée «Clayeco». Mise en place par deux jeunes marocains, elle s'active dans la collecte, le tri et la transformation de marc de café en briquettes, dans un processus qui permet de recycler ces déchets. Sensible aux questions de l'environnement et de développement durable, Hamza Laalej a dû prouver à plusieurs personnes que recycler des déchets est loin d'être une «perte de temps». Avec Nour El Houda Ben Khouja, également âgée de 23 ans, ce jeune meknassi a mis en place une startup pour collecter, trier et transformer le marc de café en briquettes, le tout afin de recycler ces déchets et protéger davantage l'environnement. Son histoire a été relayée, il y a quelques jours, par le Bureau de la coordonnatrice résidente de l'ONU au Maroc. Amoureux de la boisson énergisante, c'est justement dans un café à Oujda, où il étudiait dans les classes préparatoires, que Hamza s'intéresse au marc du café. «Un soir, j'ai vu le serveur se débarrasser d'un gros sac. En cherchant, on a découvert que la quantité rejetée par les cafés de la ville est énorme», confie-t-il ce mardi à Yabiladi. Le soir-même, le jeune homme commence à réfléchir à la manière d'exploiter ces déchets et les recycler et lancer ainsi son aventure dans l'entreprenariat. A Oujda, il intègre le réseau Enactus, et lance sa réflexion autour d'un problème en lien avec l'environnement pour trouver des solutions durables et économiques en même temps. Réduire l'émission de gaz à effet de serre et l'exploitation des carrières d'argile «Nous avons donc commencé à s'intéresser au marc de café pour le transformer d'abord en composte. Six mois plus tard, nous avons abandonné l'idée pour s'intéresser aux produits de gommage et de cosmétiques, qu'on a également écartée», nous raconte-t-il. Finalement, c'est en se penchant sur la construction durable avec l'objectif de trouver une solution innovante et fiable qu'il tombe sur la recette pour des briques à base de marc de café. Celles-ci permettent à la fois de réduire l'émission de gaz à effet de serre et l'exploitation des carrières d'argile. «Les recherches nous ont amené à mélanger du marc de café avec de l'argile. Nous travaillons actuellement avec des laboratoires pour pouvoir certifier nos briques comme étant isolantes et plus solides que les briques ordinaires. Un laboratoire doit nous délivrer le certificat pour notre dossier d'invention.» Hamza Laalej En juin 2021, Hamza et Nour El Houda ont mis en place la startup «Clayeco». Mais les défis n'en manquent pas. «Au début, nous avons conclu que le processus de fabrication demande d'énormes machines et beaucoup d'argent», déclare le jeune entrepreneur. Heureusement, Clayeco finit par s'allier à une coopérative qui peut collecter et procéder à la fabrication des briques. Avec une équipe du Moroccan Center for Innovation and Social Entrepreneurship. / DR La question du financement a aussi été centrale. «A un moment, nous avons dû investir de l'argent pour avancer le projet. Nous avons intégré des programmes et gagné une compétition régionale mise en place entre ENACTUS Maroc et l'ambassade des Pays-Bas au Maroc à Tanger et dont le prix gagné nous a permis d'investir dans la startup», ajoute notre interlocuteur. La mentalité des personnes rencontrées a également été un grand défi. «Plusieurs personnes nous ont dit que le produit final est inefficace ou ne sert à rien, mais nous avons pu prouver le contraire. Nos briques ont des caractéristiques plus grandes que ce qui se trouve dans le marché», déclare fièrement le jeune homme. Clayeco a déjà ses premières commandes Grâce à leurs briques, Hamza et Nour El Houda ont reçu leurs premières commandes, passées par des propriétaires de maison. Pour la toute première commande, «le client était très satisfait». «Cela nous a encouragé à poursuivre la production. Actuellement nous avons quatre commandes déjà passées en plus d'une nouvelle de 100 000 briques arrivée cette semaine, d'où la nécessité de constituer un stock», indique le jeune homme. Dans ce sens, Clayeco a décidé récemment de recourir au financement de l'Etat, en déposant un dossier auprès de la Caisse centrale de garanties (CCG) qui octroie des fonds aux projets nés au sein des incubateurs. «Ces 200 000 dirhams nous aiderons à développer davantage notre startup et notre projet», déclare le jeune meknassi. Pour ce dernier, «il ne faut pas attendre le jour parfait pour commencer l'entreprenariat, créer leurs startups innovantes et répondre aux problématiques environnementales et sociales». «Au Maroc, nous avons beaucoup de programmes d'incubation et d'accompagnement. Les jeunes doivent les intégrer pour développer leurs idées et leurs projets. Il faut surtoutpenser écolo, scruter notre quotidien et voir comment nous réagissons avec plusieurs matières. Car, nous pouvons minimiser les coûts, en recyclant un carton ou une bouteille au lieu d'en acheter, tout en protégeant l'environnement.» Hamza Laalej Pour cette dernière finalité, Hamza Laalej raconte comment une marche dans la région de l'Oriental, réalisée avec Anass Yakine, qui a marché une distance de 5 000 km pendant deux ans à travers les quatre coins du Maroc, lui a permis de rencontrer des personnes et de s'enquérir des problématiques environnementales de cette région. «Une quête de solutions» qui lui donne déjà «pleine d'idées pour le futur».