C'est lors de la conférence d'Attijariwafa Bank (cf notre article) tenue en début de semaine à Casablanca que Yabiladi a rencontré Mohammed Hseini, le deuxième meilleur bachelier du Maroc. Scolarisé au lycée Omar Ibn Abdelaziz à Oujda, il a décroché un baccalauréat Sciences Mathématiques A, avec une moyenne générale de 19.15. La meilleure moyenne du pays est de 19.28. Agé de 18 ans, le jeune homme était invité avec les 14 autres meilleurs bacheliers du Maroc pour se voir remettre un chèque de 10 000 dirhams par le groupe bancaire pour les féliciter de leur excellent résultat. Timide et pudique le jeune homme a accepté de répondre aux questions de Yabiladi. Yabiladi : Comment peut-on décrocher son bac avec une moyenne quasi parfaite de 19.15 ? Mohammed Hseini : Ce n'est pas si incroyable que ça, vous savez ! Il faut avoir la volonté de réussir et surtout travailler tout au long de l'année avec un rythme constant sur les matières principales et dans mon cas c'étaient les mathématiques et la physique-chimie. Quand je terminais les cours au lycée, je rentrais directement à la maison, je mangeais, prenais un petit moment de réflexion puis je révisais et retravaillais mes cours durant trois heures. Est-ce que vos parents ont exercé une pression sur vous pour étudier ? M H : Pas vraiment. Ils m'ont toujours laissé tranquille et laissé travailler dans de bonnes conditions. Il y a toujours eu du calme à la maison. Ils m'ont toujours soutenu en m'achetant toutes les fournitures scolaires et les livres dont j'avais besoin. Je pense qu'ils devaient, peut-être, avoir confiance en moi. Le jour où j'ai eu les résultats du bac en allant sur le site www.taalim.ma, ils étaient si heureux et ont éclaté de joie. Maintenant que vous avez le bac en poche, quelles études allez-vous faire ? M H : Je me suis inscrit au CPGE, [Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles] toujours au Lycée Omar Ibn Abdelaziz à Oujda afin de préparer durant deux ans les concours pour intégrer les plus grandes écoles d'ingénierie au Maroc ou en France. Actuellement je n'ai aucune idée de la spécialité ou du métier que je veux faire. Je sais que je veux devenir ingénieur mais je ne sais pas dans quel domaine. J'attends de passer ces deux ans de préparation pour avoir une meilleure idée. Ce que je sais, c'est que je souhaiterais, après ces classes préparatoires, intégrer de grandes écoles françaises comme Polytechnique ou l'ENS, l'Ecole Normale Supérieure. D'où vous vient l'envie d'aller étudier en France ? M H : Je veux étudier en France parce que la formation proposée par ces écoles est de bien meilleure qualité qu'au Maroc surtout dans le domaine scientifique. Il y a plus de facilités et d'infrastructures pour mener convenablement des recherches. Même si j'ai toujours voulu faire mes études en France, mon rêve est de revenir travailler au Maroc pour faire avancer mon pays dans le domaine scientifique, je sens que je peux être un atout. Je me sens mieux au Maroc. Je suis Marocain. Pourquoi vouloir partir étudier en France et pas vers d'autres pays ? M H : J'aurais aimé aller aux USA ou en Grande-Bretagne car dans ces pays les formations scientifiques proposées sont beaucoup plus intéressantes. Cependant le problème est que je n'ai pas un très bon niveau en anglais. Au Maroc, on commence à apprendre l'anglais qu'à partir de la 3ème année du collège. En plus de ça, il faut faire des efforts à côté pour le pratiquer et malheureusement je n'ai pas suivi de cours. Vous avez grandi dans un milieu assez modeste dans le quartier populaire de Hay Mohammadi à Oujda. Votre père est employé à l'Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail et votre mère est femme au foyer. Comment comptez-vous financer vos études en France ? M H : Je viens juste de passer un concours général des sciences techniques à Rabat où je suis arrivé premier en physique. Je vais ainsi avoir le droit à une bourse de 3000 dirhams par mois délivrée par l'Académie Hassan II des sciences et techniques en collaboration avec le ministère de l'Education. Cette bourse me sera versée tout au long de mes études jusqu'au doctorat. Sinon, le gouvernement français attribue également des bourses d'excellence aux meilleurs étudiants marocains. Le gouvernement marocain remet également de son côté des bourses au mérite mais on ne peut pas cumuler les deux bourses en même temps. Quel regard portez-vous sur l'éducation que vous avez reçu ? M H : Les professeurs que j'ai eu ont vraiment été très bons et ils nous ont bien encadrés. Par contre, ce que je regrette c'est qu'on insiste beaucoup trop en classe sur la théorie et pas assez sur la pratique surtout dans des matières comme la physique qui mérite beaucoup plus de pratique. Cela est dû au manque d'équipement mis à notre disposition, pas de laboratoire, pas de matériel. Par conséquent, on faisait beaucoup moins d'expériences. Je pense que ce manque d'équipement est un véritable point faible pour les étudiants marocains qui vont aller faire des études en France car ils vont se retrouver avec des étudiants français qui seront bien meilleurs que nous en pratique. C'est dommage surtout que le programme théorique scientifique du Maroc est plus avancé que celui en France. A part étudier dur, quelles sont les activités que vous faites à côté de vos études ? M H : Je regarde la télévision, des films en streaming sur internet. J'aime par exemple regarder les films d'action américains et parfois je joue au football avec mes amis. Je ne pratique pas de sport régulièrement mais je compte m'y mettre à l'avenir. Vous êtes le deuxième meilleur bachelier du Maroc, est-ce que le regard des gens et notamment des jeunes filles autour de vous a changé ? M H : Non, rien a changé ! (rires !). Les relations sont restées les mêmes... enfin je crois !