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Témoignage d'une franco-marocaine : Communales, drôle d'élections !
Publié dans Yabiladi le 15 - 06 - 2009

La semaine dernière, on n'a parlé que d'élections et de vote dans les médias : élections européennes, élections présidentielles en Iran, élection de la nouvelle star 2009 et bien sûr élections communales au Maroc.
La dernière fois que j'ai voté c'était en France pour les Présidentielles en 2007. Après le choc de 2002 avec la soudaine ascension de Jean Marie Le Pen au premier tour face à Jacques Chirac, je me suis vraiment rendue compte de l'erreur que j'avais commise de ne pas prendre le temps de m'inscrire sur les listes électorales. Depuis ce jour, je m'étais promis de voter. 2005 arrivait et j'étais inscrite. J'ai donc voté en 2005 mais hélas c'est le roi Nicolas Sarkozy qui est passé.
Vendredi dernier, j'ai voté pour la première fois au Maroc à l'occasion des communales. Cela fait deux ans que je suis installée au Maroc et je n'ai jamais voté dans mon pays d'origine. La seule et unique raison pour laquelle je souhaitais voter était le besoin de me sentir marocaine et d'agir en tant que marocaine. Pour moi voter en France, c'est affirmer sa citoyenneté française et au Maroc, j'ai voulu affirmer ma citoyenneté marocaine. Pour être honnête, je ne connais rien de la politique au Maroc, je ne connaissais rien des programmes des chefs politiques mais je ressentais ce besoin de faire parti de la vie politique de ce pays.
Alors pour voter, je me suis informée, j'ai fait des recherches à droite et à gauche pour tenter de comprendre les programmes des partis. Et pour être honnête, à ce jour, je ne fais toujours aucune différence entre tous ces programmes quasi identiques ! Tous parlent de lutte contre la corruption, contre le chômage des jeunes, contre l'analphabétisme, contre la pauvreté blabla, blabla... Toujours le même refrain pour tenter d'avoir le plus de voix possibles. Mais au final j'ai du faire un choix et donc au lieu de perdre ma voix en votant blanc, j'ai décidé de voter pour un parti.
Il était 16 heures quand je me suis rendue au bureau électoral situé sur le boulevard Ghandi à Casablanca. Le bureau était dans une école, un lieu assez symbolique puisque c'est dans les écoles que les enfants sont censés apprendre à devenir les citoyens de demain. A l'entrée de l'établissement, il y avait un policier et un militaire qui étaient assis sirotant tranquillement un verre de thé. J'entrais au sein de la cour où il y avait un groupe de jeunes hommes qui riaient et discutaient. Je devais monter au 2ème étage pour déposer mon bulletin de vote dans l'urne. En montant les escaliers, je découvrais une école totalement délabrée et sale. Il n'y avait pas de fenêtre et les « murs bleus » étaient noirs de saleté. Il était évident que cela faisait longtemps que l'école n'avait pas été nettoyée. En une fraction de seconde, je me suis crue à l'intérieur de la prison d'Oukacha à Casablanca qui elle aussi a des murs bleus. Je me demandais comment des jeunes pouvaient avoir la motivation et le courage de venir étudier dans un établissement comme celui-là. Pas besoin d'être politicien pour penser que les écoles devaient être la priorité des candidats qui se présentaient aux élections communales. Car communales, ça veut dire aussi proximité avec le marocain. Comment est-ce que ces écoliers peuvent avoir confiance en un système qui n'est même pas capable de nettoyer leurs classes et cages d'escalier ?
J'arrivais à la salle où se trouvaient 5 observateurs assez jeunes assis comme si ils étaient un jury d'une émission de télé-réalité avec des listes sur la table. Je leur donne ma carte d'identité marocaine et ma carte d'électeur. L'un d'eux me souhaite la bienvenue en arabe. Je le remercie et lui répond merci en arabe. Ils vérifient mon nom dans leur liste. La femme me donne un stylo usagé sans bouchon, ensuite un bulletin de vote tamponné et m'invite avec sa main à me diriger vers l'isoloir en bois avec un rideau vert qui couvrait l'entrée. C'est dans cette petite boîte que j'ouvrais le bulletin de vote et là surprise, tout était écrit en arabe. Extrêmement tout. Sur le coup, je tourne et retourne le bulletin pour voir s'il n'y avait pas la même chose en français derrière. Mais rien. Certains me diront et me répéteront - comme si je ne le savais pas - que l'arabe est la langue officielle du royaume et que c'est tout simplement normal que les bulletins de vote soient rédigés en arabe. Mais qu'en est-il des berbères qui ne parlent pas l'arabe ? Pourtant eux aussi sont des marocains. Et aussi qu'en est-il des marocains résidents à l'étranger qui sont rentrés au royaume avec leurs diplômes pour aider leur pays d'origine à avancer et qui ne lisent pas nécessairement l'arabe ? Pourtant lorsque des milliers de marocains reviennent chaque été au pays pour dépenser leurs devises au Maroc, les panneaux de « Bienvenue dans votre pays » sont écrits en français dans les aéroports ?. Même le mot Marhaba est écrit en français ! Mais quand ces MRE veulent participer à la vie politique du pays, ils sont comme exclus. Et je me suis senti exclue de ces élections communales. Pourtant je travaille et je paie des impôts comme tout le monde.
Heureusement que je connaissais le logo du parti pour lequel je voulais voter. Sinon, j'aurais certainement choisi le parti qui avait le logo le plus réussi ou autre possibilité je n'aurais pas voté du tout. Par ailleurs, ça doit sembler ridicule mais sur le coup je ne savais pas comment voter : fallait-il cocher, entourer ou juste rayer le carré du parti ? Je me retourne, soulève le rideau vert et demande en français aux observateurs s'il fallait cocher. L'un d'eux qui était le seul apparemment à comprendre le français me répond par un oui timide. Je suis donc prête à cocher pour le cadre du parti mais je me rends compte qu'il y avait 2 cases à cocher pour le parti choisi. Que voulait dire la 2ème case ? Aucune idée. Je finis par cocher une seule case au hasard, sans savoir ce qui était vraiment écrit et à quoi servait la 2ème case.
Je plie mon bulletin, sors de l'isoloir et le glisse à l'intérieur de l'urne transparente qui ne contenait qu'une dizaine de bulletins, alors que le bureau de vote avait ouvert depuis plusieurs heures déjà. Ce qui signifiait tout simplement que peu de personnes se sont déplacées pour voter. Et je les comprends ! Je me remémore encore les mots du chauffeur de taxi qui m'avait conduit au bureau de vote et qui me confia qu'il ne voterait pas car pour lui « les partis et les politiciens sont tous des voleurs » . Apparemment il n'est pas le seul à penser ainsi car selon les chiffres officiels du ministère de l'Intérieur, 7 millions sur 13 millions de marocains enregistrés sur les listes d'électeurs ont voté, soit un taux de participation de 52,4% sur le plan national. Encore des élections dont les grands gagnants sont l'abstention et le désintérêt politique. Comment voulez-vous attirer les foules alors qu'une bonne partie de la population survit avec quelques dirhams par jour. Les discours et les beaux mots des leaders des partis sont bien loin des préoccupations premières des marocains.
Je récupère mes cartes d'identité et d'électeur et je ressors de la salle, un peu amère. On ne me tamponne même pas la main pour prouver que j'ai déjà voté. Le tout n'aura duré que quelques minutes. En sortant de la salle, je n'avais qu'une pensée pour mes parents marocains, qui eux n'ont jamais voté au Maroc. La première fois qu'ils ont rempli leur devoir citoyen c'était en France en 2002 après y avoir vécu 30 ans.


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