En attendant la décision de l'Algérie, un des éventuels successeurs de Brahim Ghali a déjà lancé sa campagne de communication. L'appel au putsch de la semaine dernière en est d'ailleurs le premier pas. La semaine dernière, Mahmoud Zeidan, un ancien détenu politique et opposant du Polisario, a exhorté les militaires à prendre «le pouvoir» afin, disait-il, de «mettre un terme à l'anarchie» qui prévaut dans les camps de Tindouf. Un appel qui a suscité des interrogations parmi les Sahraouis installés sur le territoire algérien et au Maroc, sur la personne concernée par cette invitation particulière à organiser un putsch. Selon une source sahraouie qui s'est confiée à Yabiladi, «le destinataire de l'initiative de Mahmoud Zeidan serait l'actuel "ministre de l'Intérieur", Mustapha Mohamed Ali Sidi El Bachir». «En principe, ses origines tribales et sa formation jouent en sa faveur pour prendre les commandes du mouvement, bien évidemment avec l'approbation du parrain algérien», ajoute notre source. Et d'expliquer que le potentiel successeur est issu de la tribu des Rguibates (de l'Est), de la faction des Bouihates, la plus forte en nombre. «C'est grâce à cet atout que l'Espagne avait choisi Khatri Ould Said El Joummani, à la tête de l'Assemblée consultative sahraouie», rappelle-t-elle. Par ailleurs, Mustapha Ali Sidi El Bachir est un lauréat de l'académie militaire de Cherchell en Algérie, une autre carte qui devrait jouer en sa faveur. «Manque de charisme» Le père du «ministre de l'Intérieur» du Polisario était un ancien parlementaire marocain avant son départ vers les camps de Tindouf au milieu des années 80. Il deviendra «député» au sein du Polisario jusqu'à sa mort. Le potentiel successeur de Brahim Ghali a également un frère qui était député et conseiller municipal à Smara. Il n'est d'ailleurs pas le seul membre du Polisario ayant un proche exerçant des fonctions administratives ou représentatives au Maroc : Aminatou Haidar, a un oncle qui est pacha ; Soltana Khaya, a un frère qui s'est présenté aux élections communales du 8 septembre à Smara. Si la campagne de promotion de la candidature de Mustapha Mohamed Ali Sidi El Bachir a été lancée par l'appel de Mahmoud Zeidan, d'autres prétendants sont dans les starting-block. «Son principal talon d'Achille est son manque de charisme. Il n'est pas un membre fondateur du Polisario ni même un dirigeant de la première ligne. En revanche, le mieux placé à succéder à Ghali, notamment après le décès d'Abdellah Lahbib Belal, est Brahim Mohamed Biadillah, l'actuel coordinateur de l'armée du Polisario. Son parcours militaire - il planifiait les opérations contre le Maroc durant les années de guerre -, ses origines et ses fonctions à la tête les services de renseignements, le qualifient pour devenir n°1 du mouvement», relève notre interlocuteur. Pour rappel, Mustapha Ould Selma, l'opposant qui vit exilé en Mauritanie, avait inscrit Mustapha Mohamed Ali Sidi El Bachir sur sa liste des candidats capable de prendre les rênes du Polisario. C'était en avril dernier, seulement quelques jours après l'hospitalisation de Brahim Ghali en Espagne.