Le roi Mohammed VI annonce l'ouverture d'une nouvelle étape dans les relations avec l'Espagne. Toutefois le souverain a tenu à préciser, dans un message au gouvernement de coalition de gauche au pouvoir à Madrid, que le Maroc «n'accepte pas que ses intérêts supérieurs soient malmenés». Le gouvernement et les médias en Espagne devraient être satisfaits de la teneur du discours de Mohammed VI prononcé à l'occasion de la commémoration du 68e anniversaire de la Révolution du roi et du Peuple, ce vendredi 20 août. Contrairement à son allocution à la fête du trône du 31 juillet, réservée notamment à la main tendue à l'Algérie, le souverain a consacré ce soir une partie de son discours au voisin ibérique, annonçant d'ailleurs son ambition d'ouvrir une nouvelle étape dans l'histoire des relations entre les deux pays. «Nous avons à cœur de renforcer les fondements classiques qui sous-tendent ces relations, à la faveur d'une compréhension conjointe des intérêts de nos deux pays voisins», a-t-il souhaité. Le souverain a par ailleurs fait état de l'ouverture d'un dialogue afin de tourner la page des tensions sans précédent entre Rabat et Madrid, résultant des conditions de l'hospitalisation du chef du Polisario, Brahim Ghali, en Espagne. «J'ai suivi personnellement et directement le processus de dialogue ainsi que l'évolution des discussions. Le but n'était pas seulement de trouver une issue à cette crise, mais aussi de saisir l'opportunité pour redéfinir les bases et les paramètres qui régissent ces relations», a précisé le souverain. «Le Maroc n'accepte pas que ses intérêts supérieurs soient malmenés» En effet, c'est cette volonté de la part du Maroc de «redéfinir» les fondements de ses rapports avec son voisin du nord qui explique que l'actuel ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a réservé son premier voyage officiel à l'étranger à Londres et non pas à Rabat. Dans son discours, Mohammed VI a réaffirmé son engagement à «œuvrer avec le gouvernement espagnol et son président, Son Excellence Pedro Sanchez, afin d'inaugurer une étape inédite dans les relations entre nos deux pays», ajoutant que «désormais, celles-ci devront reposer sur la confiance, la transparence, la considération mutuelle et le respect des engagements». Si la détermination du roi de tourner la page de l'accueil de Brahim Ghali ne souffre la moindre équivoque, il a tenu à préciser que le Maroc «n'accepte pas que ses intérêts supérieurs soient malmenés. Corrélativement, il s'attache à fonder des relations solides, constructives et équilibrées, notamment avec les pays voisins. C'est cette même logique qui commande nos choix dans la relation que nous entretenons actuellement avec notre voisin l'Espagne». Le discours du roi du 20 août a été précédé par deux moments forts : L'opération du retour controversé des mineurs marocains entrés à Ceuta, lors du grand exode des 17 et 18 mai, et par l'annonce faite par Amina Benkhadra, la directrice de l'Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), quant à la volonté du royaume de renouveler le contrat du gazoduc Maghreb-Europe, devant expirer le 31 octobre prochain.