Les relations entre le Maroc et l'Espagne sont condamnées à l'affrontement. Si la très redoutée arrivée de la droite au pouvoir à Madrid n'a pas provoqué de crise majeur avec Rabat, la perspective d'un déplacement du prince Felipe à Sebta et Melilla risquerait de chambouler cette donne. Une visite pour redorer l'image la monarchie et préparer le prince à la succession de son père. La première grande crise entre le Maroc et l'Espagne de Mariano Rojoy serait imminente. La cause : le très probable déplacement officiel du prince héritier Felipe et de son épouse Letizia à Sebta et Melilla. La date de ces deux visites n'est pas encore arrêtée mais, selon El Confidencialdigital, le ministre des Affaires étrangères, José Manuel García Margallo, a transmis la demande au palais de la famille régnante. Pour le moment, le palais semble jouer la montre. Il craint qu'une telle initiative puisse envenimer les relations maroco-espagnoles et mettre un terme au climat de bonne entente qui prévaut, actuellement, entre Rabat et Madrid. Sauf qu'en Espagne, le prince héritier ne pourrait en aucun cas négliger une telle demande, qui plus est, émane du chef de la diplomatie. Et d'autant qu'il en est le grand bénéficiaire. Pour mémoire en 2003, l'ancien premier ministre, José Maria Aznar, avait interdit au Juan Carlos d'effectuer une visite au Maroc à cause de la crise de l'îlot Leila. C'est dire l'influence du gouvernement. Un voyage pour préparer le prince à la succession de son père Sebta et Melilla sont les seules villes que le prince Felipe n'a pas encore visitées, bien entendu à titre officiel. Deux déplacements à même de rehausser la popularité de Felipe et de lui baliser le terrain pour la succession de son père, le roi Juan Carlos dont la popularité est en chute libre. Sa relation extraconjugale avec une femme divorcée, présentée comme une princesse allemande de 27 ans sa cadette, et surtout son safari, en avril toujours en sa compagnie, au Botswana qui a coûté environ 5000 euros par jour aux contribuables espagnols, ont fortement entaché la réputation de Juan Carlos. Depuis, l'option qu'il abdiquerait au profit de son fils ne cesse de recueillir des adeptes au sein des deux grands parties, le PP et le PSOE, et dans le milieu des affaires et des services secrets. Une solution pour sauver la monarchie et surtout garantir la stabilité de l'Espagne en ces temps de crise. C'est dans ce contexte mouvementé que s'inscrit la demande du chef de la diplomatie espagnole au prince d'effectuer deux visites officielles à Sebta et Melilla. Le précédent de 2007 En pleine commémoration du 32ème anniversaire de la Marche verte, le roi Juan Carlos et son épouse, la reine Sofia, effectuaient, le 5 novembre 2007, deux voyages officiels à Sebta et Melilla. Une première. Rabat a bien entendu dénoncé un telle initiative et parlait même de «provocation». Et de riposter par le rappel de son ambassadeur à Madrid, Omar Azziman, pour consultations. Le poste est resté vacant jusqu'à janvier 2011 lorsque Ahmadou Ould Souilem, un des membres du Polisario qui, auparavant, a rejoint le Maroc, présentait ses lettres de créance à Juan Carlos. Plus tard, la presse espagnole soutenait que le gouvernement de José Luis Zapatero aurait informé Rabat des voyages des monarques à Sebta et Melilla.