Le Polisario est vent debout contre la Commission européenne. La CE a ignoré sa «représentation du peuple sahraoui» et décidé de coordonner avec les autorités marocaine une visite au Sahara, entrant dans le cadre du suivi de l'accord agricole entre les deux parties. Le débat du 13 juillet à la Commission du commerce international (INTA, selon son acronyme en anglais) au Parlement européen, ne s'est pas conclu comme aurait souhaité le Front Polisario. La CE a décidé d'envoyer, d'ici la fin de cet été, une délégation au Sahara pour s'enquérir sur place si les accords de pêche et agricole conclus entre le Maroc et l'Union européenne bénéficient réellement à la population locale. Dans un communiqué, le mouvement de Brahim Ghali estime que la décision de la Commission européenne est «un comportement nocif et irresponsable» et faite «au mépris des arrêts de la Cour» de la Justice de l'Union européenne (CJUE). Ce ton agressif du Polisario traduit en effet l'échec de ses partisans à imposer une condamnation de l'intégration du Sahara occidental dans les accords d'association entre le Royaume et les Vingt-sept. «Plusieurs parlementaires ont interpellé la Commission européenne sur la non-conformité des produits agricoles exportés par l'occupant marocain, en fraude de la réglementation européenne», précise encore le texte du Polisario. Le timing de la visite, autre inquiétude du Polisario Le Polisario a un autre grief à l'encontre de la proposition de la CE de se rendre au Sahara, estimant qu' «en l'absence d'autorisation délivrée par les autorités sahraouies, la visite des agents de la Commission constituerait une violation flagrante de l'intégrité territoriale du Sahara occidental». Pour mémoire dans son arrêté de 2016, la CJUE n'avait reconnu aucune légitimité au Polisario de porter plainte contre l'accord d'association Maroc-UE de 2012. Le Front appréhende également le timing de ce déplacement «vers la fin de l'été alors que les nouveaux arrêts du Tribunal de l'UE (la CJUE) sont attendus pour septembre». En effet, depuis mars, la CJUE examine le recours en annulation présenté par le Polisario, le 27 avril 2019, contre la conclusion de l'accord sous forme d'échange de lettres entre l'UE et le Maroc sur la modification des protocoles n°1 et n°4 de l'accord d'association entre les deux parties de 2012. «Cet empressement suscite l'incompréhension. Quelle urgence à envoyer cette visite ? Pourquoi ne pas attendre après les arrêts du Tribunal», s'interroge le Polisario. Pour le mouvement séparatiste, «la Commission donne l'impression de se précipiter pour conforter l'occupant marocain une dernière fois, avant l'éruption d'une nouvelle crise. Ses efforts sont futiles et ne font que nuire à l'image de l'Union européenne sur la scène internationale». Il est lieu de signaler que la visite d'une délégation européenne au Sahara est conforme à l'échange de lettres entre l'Union européenne et le Maroc du 25 octobre 2018 portant modification des protocoles n°1 et n°4 de l'accord établissant une association entre le royaume et l'UE. Un accord, pour rappel, approuvé le 16 janvier 2019 par une majorité confortable au Parlement européen, grâce à l'adhésion de 444 eurodéputés. Cet échange de lettres prévoit «de mettre en place un mécanisme de collecte de données statistiques sur les exportations vers l'UE de produits originaires du Sahara occidental».