Sur la route qui le mène à Casablanca, nous avons pu joindre par téléphone Khalid Gueddar. Quelques heures auparavant, le caricaturiste venait juste d'être libéré. Son procès s'ouvrira le 13 juin, non pas pour avoir publié une caricature d'un membre de la famille royale mais pour «état d'ébriété sur la voie publique» et «insultes aux policiers». Après presque vingt-quatre heures passés dans les locaux de la police de Kénitra, le caricaturiste Khalid Gueddar a bénéficié, en fin d'après-midi du dimanche 27 mai, de la liberté provisoire. «L'interrogatoire s'est déroulé dans de bonnes conditions sans aucune violence verbale ou physique. J'y ai été accompagné par Me Abderrahim El Jamai», nous confie Gueddar. Cet avocat très connu au Maroc est le président de l'Observatoire marocain des prisons et également membre de la la Haute instance du dialogue national sur la réforme de la justice, installée le 9 mai par le roi Mohammed VI. Les accusations qui ont values à Khalid de passer environ 24 heures de détention à Kénitra «sont multiples dont notamment état d'ébriété sur la voie publique, insultes et injures aux policiers», nous résume-t-il. «La date du procès a été fixée au 13 juin au tribunal de première instance», ajoute-il. A notre question de savoir si les circonstances de cette nouvelle arrestation sont la conséquence d'une caricature qui ne serait pas du goût des autorités Khalid Gueddar répond par la négation : «je ne le crois pas», avant de se rétracter et laisse glisser «mais tout est possible». Conférence de presse chez l'AMDH Les prochaines heures verront une intense activité du caricaturiste «je compte rédiger un communiqué relatant ma version des faits. L'AMDH (Association marocaine des droits de l'Homme) m'a contacté pour organiser le plus tôt possible une conférence de presse sur cette question», nous indique Gueddar. Le procès du caricaturiste prévu le 13 juin prochain sera le deuxième du genre en l'espace de presque trois années. Février 2010, Khalid Gueddar a été condamné à 3 ans de prison avec sursis et à une amende de 1,5 millions dh au profit du prince Moulay Ismail, le cousin du roi Mohammed VI pour «outrage au drapeau national» et «manque de respect dû au Prince». Les chances de Khalid Gueddar d'éviter l'emprisonnement sont bien minimes. En période de sursis jusqu'au novembre 2012, il risque fort, en cas de condamnation, d'être incarcéré. Le cas de Rachid Niny et Driss Chahtane, respectivement directeurs de publication d'Al Massae et Al Michaâl (le Flambeau) est le parfait exemple. Les deux ont passé des mois de prison parce qu'ils comptaient déjà des peines avec sursis.