Même s'il a officiellement quitté son poste de commissaire à la paix et la sécurité à la Commission de l'Union africaine, l'Algérien Smail Chergui a tenu a envoyer une dernière pique en direction du Maroc. Le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine a fini par publier ce jeudi 18 mars, un communiqué sanctionnant la réunion du 9 mars au niveau des chefs d'Etat. Les rédacteurs du texte n'ont accordé aucun passage à la question des changements climatiques, pourtant inscrite à l'ordre du jour de la rencontre, préférant s'attarder sur la seule question du Sahara occidental. Le communiqué est un résumé de tout ce que le Maroc a toujours rejeté. L'instance note ainsi «avec une profonde préoccupation la reprise de la confrontation militaire entre le Royaume du Maroc et la République Sahraouie, en violation des accords de cessez-le-feu», donnant ainsi crédit aux communiqués du Polisario sur la reprise de la guerre. Pourtant les Nations unies ont démenti à maintes reprises le déclenchement d'une guerre entre les milices du mouvement Brahim Ghali et les Forces armées royales. Par ailleurs, à l'exception de la presse du Front et de l'Algérie, aucun média international crédible n'a fait état de batailles entre le Polisario et le Maroc ou envoyé ses correspondants pour les couvrir. Un cadeau de départ à Smail Chergui Le Conseil recommande aussi de «revitaliser d'urgence la troïka de l'UA (…) en vue de trouver pacifiquement une solution permanente à la crise» et insiste sur son droit «d'examiner la situation au Sahara occidental le cas échéant, au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement, y compris en recevant des informations de la Troïka de l'UA.» Deux décisions que le royaume a toujours rejeté. En effet pour Rabat, la création du mécanisme de la troïka, au sommet de Nouakchott de juillet 2018, a définitivement neutralisé toute intervention du CPS sur le dossier. Le communiqué enjoint à la Commission de l'UA de «prendre d'urgence les mesures nécessaires pour la réouverture du bureau de l'UA à Laayoune, au Sahara occidental» et «d'entreprendre une mission de terrain dans la région, dès que possible, afin de faire le suivi, sur place, de la situation». Pire, le CPS sous l'emprise de l'Algérie est allé jusqu'à inviter le secrétaire général de l'ONU à «demander au conseiller juridique des Nations unies de fournir un avis juridique sur l'ouverture de consulats dans le territoire non autonome du Sahara occidental». Le Polisario a déjà formulé la même requête. Pour sa part Alger avait condamné, dans un premier temps, les inaugurations de représentations diplomatiques à Laayoune et Dakhla avant de décider de garder le silence, face à la dynamique. Le communiqué du CPS dans le fond et la forme à tout d'un cadeau de départ offert à l'Algérien Smail Chergui. Reste à savoir si son successeur, le Nigérian Bankol Adeoye, qui a pris ses fonctions le 15 mars, empruntera la même voie résolument hostile au Maroc. Bien qu'Abuja reconnaisse toujours la «République arabe sahraouie démocratique», elle tient à renforcer ses relations économiques, sécuritaires et cultuelles avec le Maroc. Les premières nouvelles en provenance d'Addis-Abeba, indiquent que le nouveau commissaire à la paix et sécurité n'est guère enthousiaste concernant le déploiement au Sahel d'une force de l'UA de 3 000 soldats. Un projet porté par l'Algérien Chergui. D'ailleurs, il en avait fait lui-même l'annonce le 27 février 2021.