Les militaires algériens tentent de revenir au Sahel en relançant la Coordination de Tamanrasset, mise en place en 2009. Un objectif qui nécessite l'adhésion des membres du G5 du Sahel lancé par la France. C'est dans ce cadre que s'inscrit l'invitation adressée au chef des armées de la Mauritanie à se rendre en Algérie. Le 21 décembre, Nouakchott accueillait la deuxième session de la commission mixte militaire maroco-mauritanienne. Trois semaines après cette réunion, le chef des armées de la Mauritanie reçoit une invitation de son homologue algérien, Said Chengriha. Le général de division Mohamed Bamba Ould Meguett a commencé son séjour algérien par une visite à une unité industrielle militaire, située à Tiaret, destinée à la fabrication des véhicules multifonctions et tout-terrain. Ould Meguett s'est réuni, hier, avec son homologue algérien. «Cette rencontre a constitué une occasion pour les deux parties, de passer en revue l'état de la coopération militaire bilatérale et échanger les analyses et points de vue sur les questions d'actualité et d'intérêt commun», indique le ministère de la Défense algérien dans un communiqué. «Votre première visite en Algérie permettra sans doute le développement de nos relations et constitue une opportunité pour hisser la coopération entre nos deux armées dans les domaines d'intérêts communs, notamment à la lumière de l'évolution du contexte sécuritaire dans la région», a déclaré Chengriha dans une allocution de bienvenue à son invité de marque mauritanien. Relancer la Coordination de Tamanrasset dans une conjoncture économique difficile Il a saisi cette occasion pour remettre au gout du jour la Coordination de Tamanrasset, en rade depuis quelques années. Le cadre idoine, selon lui, «pour faire face aux défis sécuritaires qui s'imposent dans notre région, à travers la mise à profit des mécanismes de coopération sécuritaire déjà existants, notamment le CEMOC (Comité d'Etat-Major Opérationnel Conjoint)» des membres de la Coordination à savoir : l'Algérie, Mauritanie, Mali et le Niger. Le général Said Chengriha a estimé qu'il est «judicieux de valoriser davantage les mécanismes de coopération sécuritaire déjà existants, à l'instar du CEMOC» mais tout en veillant à faire l'impasse sur le G5 Sahel, mis en place depuis 2014 par la France. Les généraux algériens tentent de profiter d'une conjoncture marquée par la multiplication de la commission d'attentats de groupes terroristes, au bilan humain très lourd, dans les Etats membres du G5 pour revenir dans la région. La nouvelle constitution, signée le 1er janvier par le président Abdelmadjid Tebboune, autorise en effet le déploiement de troupes hors des frontières. Si le verrou légal a sauté, le coût financier du projet de retour au Sahel pourrait constituer un obstacle, sachant que la création de la Coordination de Tamanrasset en automne 2009 a coïncidé avec une rente pétrolière au zénith. D'ailleurs, c'est l'Algérie qui finançait les actions et les exercices militaires des armées du bloc régional, jusqu'à ce que le G5 les suspende. Le souhait des Algériens de revenir au Sahel risque de se heurter à la nouvelle stratégie des Etats-Unis visant à étendre son influence au Sahel, marquée par la nomination en mars 2020 de Peter Pham, envoyé spécial pour le Sahel. En septembre, cet ancien lobbyiste du Maroc a effectué une tournée en Mauritanie, au Niger et en France. La semaine dernière il a assisté à la cérémonie d'investiture du président du Burkina Faso, Roch Kaboré. Un pays lourdement frappé par le terrorisme des antennes de Daesh et AQMI. Aujourd'hui, Pham se trouve au Ghana pour prendre part à la prestation de serment du président Addo Akufo-Add.