Le cahier de charge de 2M tangue, dans des eaux troublantes, entre le retrait et la révision. Ce matin, Mustapha El Khalfi et Abdelilah Benkirane planchent sur le sujet, conséquence de l'intervention du roi. L'article 42 de la constitution lui accorde ce droit. La bataille des cahiers des charges serait-elle sur le point de se terminer ? L'information a fait la une de la presse marocaine, certains supports annoncent même le retrait des documents à l'origine de la polémique. Pour le moment, rien n'est officiel. C'est juste une lecture qui intervient après l'audience royale accordée, dans la soirée du dimanche, à Abdelilah Benkirane, Abdellah Baha et Mustapha El Khalfi. Des sources au PJD évitent de parler de l'option du retour à la case départ, préférant parler de «simple révision de certaines articles». Le débat sur l'identité serait-il à l'origine de l'intervention royale ? Le politologue Mohamed Darif répond par l'affirmation, précisant que «la question identitaire est d'abord d'ordre sociétal. Elle ne doit, en aucun cas, faire l'objet de course électoraliste entre la majorité et l'opposition. Sa protection n'incombe pas au gouvernement mais au roi». L'universitaire fait référence à l'article 42 de la nouvelle constitution qui stipule que «le Roi, Chef de l'Etat, son Représentant suprême, Symbole de l'unité de la Nation, Garant de la pérennité et de la continuité de l'Etat et Arbitre suprême entre ses institutions, veille au respect de la Constitution, au bon fonctionnement des institutions constitutionnelles, à la protection du choix démocratique et des droits et libertés des citoyennes et des citoyens, et des collectivités». La constitution arme des conservateurs et des modernistes «Cette controverse autour du cahier des charges de 2M a montré qu'au Maroc deux courants s'affrontent : le premier est conservateur et le second est moderniste. Le comble est que les deux font de la loi fondamentale du 1er juillet 2011 leur principale arme», estime Darif. «S'il y a retrait des cahiers de charge, ce serait le résultat de l'approche unilatérale adoptée par Benkirane sur ce dossier, lui qui n'a cessé de professer son intention de privilégier la démarche participative. Preuve en est les critiques de la majorité à cette initiative. Force est de constater que ce gouvernement est divisé entre deux bloc : un réunissant les ministres de l'Istiqlal, PPS et MP et un autre exclusivement PJDiste», conclut-il. Comment éviter de subir le sort de l'USFP en 2002 ? Au PJD, le retour à la case départ «n'est pas envisageable. Il y va de la crédibilité de notre parti» nous confie Mustapha Muchtari, de la jeunesse de la Lampe. «Si El Khalfi et Benkirane cèdent à la pression et seraient tentés de faire des concessions sur ce sujet, les bases devraient réagir et soutenir fermement la direction sinon nous subirions le même sort de l'USFP en 2002 à une seule exception près, nous jetterions l'éponge juste après trois mois passés au gouvernement» avertit-il. «Pour nous le cahier de charge est une réelle bataille qui va nous renseigner sur notre capacité à faire face à des parties conservatrices, hostiles au changement et à la réforme. Ce bras de fer sur le cahier de charges vient à point nommé. Son issue va déterminer l'identité de qui gouverne au Maroc : Est-ce un gouvernement démocratiquement élu par le peuple ou des forces dépourvues de légitimité populaire ?» S'interroge-t-il. Le cahier de charge nullement évoqué au Conseil d'administration de 2M Mardi s'est tenu le conseil d'administration de la société Soread-2M, présidé par Faiçal Laâriachi. «A aucun moment, la question du retrait du cahier de charges n'a été soulevée par les différents intervenants», nous confie Mohamed El Ouafi, du syndicat des salariés de 2M. En revanche il n'a pas tari d'éloges sur les conclusions de la réunion qui a duré 5 heures au point de la qualifier de «stratégique et historique». Et pour cause, «le gouvernement a décidé d'injecter 260 millions de dh dans le capital de la société. Le conseil a, également, approuvé la consolidation de la bonne gouvernance (une des conditions figurant dans le cahier de charges, ndlr) et surtout accepter l'adhésion officielle du représentant des salariés au conseil d'administration», souligne-t-il. Ce n'est d'ailleurs pas le seul point de satisfaction de Mohamed El Ouafi. «Il y a eu ce feu vert du conseil pour une résolution du problème des contractuels. Un point qui ne figurait, pourtant, pas à l'ordre du jour de la réunion, d'hier», indique-t-il. Le conseil d'administration de Soread-2M n'a pas connu la participation de Mustapha El Khalfi. Ce n'est nullement une nouveauté. Les ministres de la Communication n'assistent pas à ce genre de réunion. En revanche, des représentants du ministère, au même titre que ceux d'autres départements, y prennent part.