La politicienne Naïma M'Faddel, se lance dans la bataille des élections législatives de la 9ème circonscription pour représenter les Français du Maghreb et d'Afrique de l'Ouest. Franche et spontanée, l'essayiste franco-marocaine engagée à travailler à l'amélioration des conditions de vie des Français de l'étranger, a répondu à nos questions. 1 - Vous êtes ex-adjointe au maire de Dreux chargée de l'action sociale et de la santé, pourquoi n'avez-vous pas tentez un nouveau mandat ? A la lumière des difficultés que rencontrent mes enfants et mes proches, Français expatriés, dans la région Maghreb-Afrique de l'Ouest, j'ai souhaité mettre aujourd'hui mes expériences et mon engagement au service de mes compatriotes Français de cette circonscription. Grâce à mes affinités particulières et familiales avec cette région, je connais parfaitement le contexte et l'environnement dans lesquels ils évoluent. Je suis une femme engagée depuis de longues années au service de la France et de la République. D'abord, mon investissement s'est axé autour des questions sociales et culturelles, essentiellement en tant que coordinatrice de centres sociaux. Puis je suis devenue déléguée du préfet des Yvelines que j'ai représenté auprès des collectivités. Depuis 2018, je suis conseillère à la présidence de la région Ile-De-France où j'ai pu favoriser des actions autour de l'entreprenariat des femmes et des jeunes, en collaboration avec les collectivités, l'Etat et des associations. Ces diverses expériences ont forgé ma personnalité et me permettent, légitimement, de m'investir sur cette mandature. Ma candidature dans la 9e circonscription est une continuité naturelle de mon parcours. Mes relations avec cette circonscription sont bâties de longue date sur des liens profonds, amicaux et familiaux mais aussi associatifs tissés dans de nombreux pays d'Afrique, notamment au Maroc, au Sénégal, en Algérie, en Côte d'ivoire et en Tunisie. Une partie significative de ma famille est expatriée en Afrique. Depuis bientôt trois décennies, deux de mes enfants sont installés au Maroc et j'y des enfants scolarisés. C'est grâce à mes racines, à cette présence, à mes nombreux voyages, à mon installation au Maroc et aux liens permanents que j'entretiens avec cette circonscription, que je suis pleinement consciente des enjeux et des difficultés économiques, culturelles et sociales inhérentes à l'expatriation. Et quels sont les difficultés ainsi que les réalisations que vous avez pu accomplir. En tant que Maire-adjointe à Dreux de 2014 à 2020, j'ai pu développer l'action économique de la commune, renforcer son rayonnement culturel et permettre aux plus fragiles d'avoir accès aux soins. Ces expériences des dossiers en lien avec l'Etat me permettent d'avoir une connaissance fine et efficace de l'action publique comme des attentes des Français en direction des services publiques et de la solidarité républicaine auxquels eux aussi ont droit. 2 - Comment expliquer vous cette conversion, en passant du social à la politique ? Je suis investie en politique depuis de longues années puisque professionnellement je porte des actions en liens avec les politiques publiques : éducation, social, entreprenariat. La politique est le prolongement de mon engagement professionnel. 3 - Naima M'faddel c'est aussi la co-autrice d'un livre, quelles sont les raisons qui vous en poussé à l'écriture ? Je suis l'auteur de nombreuses tribunes soulevant les problématiques, et même parfois les incohérences de notre système politique Français. C'est ainsi qu'en 2017, en ma qualité d'essayiste sur les questions de cohésion sociale, j'ai coécrit avec mon ami Olivier ROY « Et tout ça devrait faire d'excellents Français ». Nous sentions la nécessité d'intervenir sur les fractures sociales et culturelles qui mettaient à mal la cohésion nationale. Nous avons fait des propositions qui ont été reprises par l'Etat. 4- Pour conclure, et à quelques jours de votre campagne législative au Maroc, que pouvez-vous dire aux étrangers du Maroc ? Les Français vivant à l'étranger sont les ambassadeurs de notre pays. Ils incarnent l'esprit français, ils représentent tout ce que la France véhicule dans le monde, ses valeurs, sa culture et son histoire et en cela, ils sont de véritables passeurs qui font vivre notre pays au-delà de ses frontières. Ils sont une richesse sur laquelle notre nation doit s'appuyer pour que la France renforce et enrichisse cette relation affective, fraternelle et si singulière que nous avons avec l'Afrique francophone. Une fois qu'on a dit cela, il faut aussi prendre conscience des difficultés qu'ils rencontrent au quotidien et qui ne sont toujours pas réglés voire qui s'aggravent depuis 10 ans durant lesquels nos gouvernants sont allés de renoncements en abandons, sans le moindre scrupule et en piétinant au passage ce principe cardinal d'égalité entre les citoyens. Un exemple éloquent qui illustre ces terribles reculs qui ont tant abîmé notre pays : entre 2012 et 2016, la baisse de plus de 8% les crédits dédiés à l'enseignement français. Les effectifs de notre diplomatie culturelle ont aussi été réduit de 20%. Je n'oublie pas également la suppression de 331 postes dans nos ambassades et nos consulats, au détriment des Français établis hors de France. Pourtant, nous savons combien ces ressources sont essentielles pour le rayonnement de notre pays dans le monde. Prenons encore la question de l'éducation et de la scolarité. J'ai grandi à l'ombre de ce principe constitutionnel fondamental qui fait de notre école républicaine une école gratuite pour tous. C'est grâce à cette école gratuite et laïque que j'ai pu m'élever, m'émanciper et réussir. Or, que reste-t-il de ce principe républicain quand notre pays n'accorde pas à tous l'égal accès à l'enseignement français ? Que reste-t-il de ce principe républicain quand vous devez payer des frais de scolarité exorbitants, dans un contexte de suppression de 512 postes et de 33 millions d'euros de baisse des crédits alloués à l'agence pour l'enseignement français à l'étranger ? J'ai soulevé cette question au niveau national et ce depuis le début de ma campagne par la publication d'une tribune dans le média national français « Le Figaro » introduisant, de fait, ce sujet au cœur des débats nationaux. (https://www.lefigaro.fr/vox/politique/il-faut-retablir-la-gratuite-a-l-ecole-pour-tous-les-enfants-de-francais-de-l-etranger-20220516) Que reste-t-il quand nos lycéens sont lésés dans leur orientation ? Que reste-t-il quand l'inclusion de nos enfants handicapés est encore difficile ? Que reste-t-il enfin de ce principe fondamental quand nos enseignants n'ont plus les moyens de travailler dans de bonnes conditions ? Il y a aussi les difficultés liées à la fiscalité, injuste et discriminante pour nos compatriotes. La France est célébrée partout dans le monde : sa gastronomie, son patrimoine culturel ou encore son art de vivre. Mais notre pays est aussi le champion du monde toutes catégories concernant les impôts, les taxes et les prélèvements obligatoires. Souvenez-nous en 2012, les socialistes avaient assujetti l'ensemble des Français de l'étranger à la CSG – CRDS ; ayant été condamnés par la cour européenne, ils ont décidé de maintenir cette contribution pour les extras européens. Aujourd'hui, un Français installé en Côte-d'Ivoire ou au Maroc ne paie pas les mêmes impôts que son compatriote qui réside à Barcelone. Quelle injustice ! La réforme fiscale du gouvernement MACRON en 2019 aurait pu réparer cette injustice fiscale. Mais non ! Il a préféré maintenir cette fiscalité discriminante à au détriment des Français vivant hors de l'UE. Je ferai de cette injustice fiscale une priorité de mon mandat. La question de l'accès à des services publics efficaces est aussi prégnante. Notre pays ne serait pas non plus ce qu'il est sans ces services publics performants qu'il a su bâtir au cours de notre histoire. Nous devons être fidèles à cette tradition d'excellence en nous montrant particulièrement exigeants pour l'administration qui sert nos compatriotes installés à l'étranger. Nous l'avons vu lors des précédentes crises, nos services consulaires ont montré leur agilité et leur efficacité. Mais je l'entends souvent, la baisse des effectifs de ces réseaux a considérablement impacté le bien-être de ses agents comme la qualité du service public. Je m'insurge contre ces inégalités de traitement qui foule aux pieds nos principes républicains. La vie à l'étranger ne doit plus être synonyme de complications administratives sans fin. Je veux faire de nos consulats de véritables mairies facilitatrices dans toutes les démarches administratives. Je n'oublie pas enfin l'accès aux soins. Il n'est pas acceptable que la protection sociale offerte à un Français dépende de la région ou du pays dans lequel il vit. Là encore, j'ai entendu leurs préoccupations et leurs attentes en termes de protection sociale et de santé. Je sais par exemple combien la PUMA, la protection universelle maladie n'a d'universelle que le nom, notamment depuis la loi de 2019 qui a durci les conditions de prise en charge des soins dispensés en France aux Français de l'étranger. Que dire des pesanteurs administratives sur les certificats de vie qui privent nos compatriotes de tout ou partie de leurs retraites ? Ces discriminations et cette rupture de l'égalité républicaine, je ne les accepte pas. C'est pourquoi, dès mon élection, je me battrai pour que chacun d'entre eux puisse bénéficier comme tous les Français, de la protection républicaine et de la solidarité française.